Pour la Lituanie, les mesures prises par l’Otan pour dissuader la Russie sont insuffisantes

Afin de répondre aux inquiétudes exprimées par les pays baltes et la Pologne, l’Otan a pris la décision de déployer quatre bataillons multinationaux sur son flanc oriental afin de dissuader la Russie de d’user de tactiques dites « hybrides » qui seraient en deçà du seuil de déclenchement de la clause de défense collective de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord.

C’est ainsi que, par exemple, la France a envoyé le sous-groupement tactique intermes (S-GTIA) Lynx en Estonie, aux côtés d’un bataillon britannique. En Lituanie, où l’Allemagne a déployé environ 450 militaires au titre de ce renforcement de l’Otan (enhanced Forward Presence, eFP), ces mesures sont encore insuffisantes.

En effet, dans un rapport publié ce 3 avril, les services de renseignement lituaniens estiment qu’il faudrait seulement 24 heures à la Russie pour mobiliser ses troupes afin de lancer une attaque contre les pays baltes. Notamment grâce au renforcement des capacités militaires russes dans l’enclave de Kaliningrad, avec le déploiement de missiles Iskander et d’avions de combat supplémentaires.

« Ceci est un signal pour que l’Otan améliore sa planification », a commenté Raimundas Karoblis, le ministre lituanien de la Défense. « Le temps de réaction de l’Otan n’est pas aussi rapide que nous voulons », a-t-il ajouté.

Quant au déploiement de bataillons multinationaux, le ministre lituanien estime que cette mesure est « suffisante » pour « le court terme ». Seulement, dans une « perspective à moyen terme, nous aimerions une plus grande capacité, et pas seulement des forces terrestres », a-t-il dit. Il faut « de la défense aérienne et des moyens pour contrer tout blocus », a-t-il précisé.

Par ailleurs, le rapport du renseignement lituanien affirme que la Russie « surveille les fréquences radio » utilisées par l’Otan en mer Baltique et qu’elle utilise des « navires commerciaux et scientifiques » pour faire de la surveillance. En outre, il dit aussi craindre des les unités déployées dans le cadre de l’eFP fassent l’objet de désinformation, comme c’est déjà arrivé récemment au contingent allemand, ainsi que « incidents délibérés ou accidentels » impliquant les troupes russes à l’occasion d’exercices militaires.

La tenue des manoeuvres conjointes entre les forces russes et biélorusses, en septembre prochain (appelées Zapad 2017), inquiètent Vilnius, étant donné que leur ampleur sera inédite, avec la participation de 100.000 hommes. D’ailleurs, la président lituanienne, Dalia Grybauskaitė, a dit craindre des incidents à cette occasion, lors d’un entretien donné à Foreign Policy, le 24 mars.

À Moscou, l’on se défend de toute mauvaise intention. « Je veux rassurer les républiques baltes et tous les autres pays qui ne cessent d’évoquer l’agression russe : nous mettons tout en œuvre pour combattre toute manifestation d’agression au niveau international et nous n’avons pas l’intention d’envahir qui que ce soit », a ainsi répondu Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

« Les déclarations qui viennent périodiquement de Vilnius, de Riga et de Tallinn, selon lesquelles la Russie menacerait l’identité des pays baltes et mûrirait des plans agressifs à leur encontre, sont absurdes et totalement gratuites. Comme on dit, la peur grossit les objets », a fait valoir, de son côté, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe.

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