La Pologne revoit son engagement au sein de l’Eurocorps

Créé en 1992 sur la base d’une initiative franco-allemande, l’Eurocorps (ou Corps européen) a été déclaré opérationnel trois ans plus tard. En cas de sollicitation pour des missions allant de l’assistance humanitaire aux conflits de haute intensité, en passant par des opérations de maintien de la paix, ce quartier général peut théoriquement compter sur un réservoir de forces pouvant allant jusqu’à 60.000 hommes.

Actuellement, l’Eurocorps, implanté à Strasbrourg, est constitué par 5 nations-cadre (France, Allemagne, Belgique, Espagne et Luxembourg) ainsi que par 5 pays associés (Pologne, Roumanie, Grèce, Italie et Turquie).

Seulement, le 28 mars, la Pologne, a fait part de son intention de revoir son engagement au sein de l’Eurocorps. Et cela, alors qu’elle devait acccéder au statut de « nation cadre », conformément à un engagement pris par l’ancien gouvernement polonais.

L’annonce a été faite dans un premier temps par le colonel Vicente Dalmau, un porte-parole du Corps européen. « Le gouvernement polonais a décidé de revenir sur la décision du précédent gouvernement de devenir une nation cadre de l’Eurocorps, et de rester une nation associée », a-t-il en effet indiqué à l’AFP, avant de préciser que cette décision avait été prise il y a « plusieurs mois ». Et d’ajouter : « Les militaires polonais vont partir au fur et à mesure et terminer leurs contrats personnels, au plus tard dans trois ans. »

Plus tard, le ministère polonais de la Défense a confimé cette information tout en démentant un retrait pur et simple de l’Eurocorps.

Ainsi, a-t-il fait savoir dans un communiqué, la Pologne « réduira son engagement [au sein de l’Eurocorps] dans la perspective de 3-4 ans » mais en restera un « membre associé ». En tout, 120 militaires polonais sont concernés par cette annonce.

Pour expliquer cette décision, le ministère polonais de la Défense a mis en avant « une augmentation de charges pour les forces armées découlant de la mise en oeuvre des décisions prises lors des sommets de l’Otan de Newport et de Varsovie, dont le renforcement du flanc oriental » de l’Alliance. Et d’ajouter : « La réduction de notre engagement dans l’Eurocorps n’aura pas d’effets négatifs sur le rôle polonais dans la politique de sécurité et de défense commune européenne. »

Cette marche en arrière de Varsovie a avant tout une portée politique. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Tomasz Siemoniak, l’ex-ministre polonais de la Défense, pour qui elle risque de frapper « la coopération européenne en matière de défense et nos relations avec la France et l’Allemagne. » En clair, la Pologne mise plus sur l’Otan que sur la défense européenne qu’appellent de leurs voeux certains candidats à l’élection présidentielle française.

Sur le plan militaire, le statut de nation cadre de la Pologne aurait pu être intéressant dans la mesure où ce pays est l’un des rares, au sein de l’Union européenne, à consacrer 2% de son PIB à son effort de défense. Ce qui est loin d’être le cas de la Belgique, dont le format de ses forces armées se réduit comme peau de chagrin, et de l’Espagne, dont le budget militaire atteint seulement 0,90% de son PIB. Quant au Luxembourg, il n’est pas en mesure de jouer un rôle significatif.

S’agissant des nations associées, seules la Roumanie et la Grèce investissent dans leur défense. Ces deux pays, comme la Pologne, font partie des bons élèves de l’Otan en terme dépenses militaires. Enfin, la question de la place de la Turquie, en froid avec l’Allemagne , finira par se poser un jour ou l’autre.

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