Pour le moment, la Malaisie n’a pas les moyens d’acquérir 18 Rafale

En déplacement en Malaisie dans le cadre d’une tournée en Asie du Sud-Est, le président Hollande a visité, ce 28 mars, la base aérienne de Subang, où il devait visiter, en compagnie du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, les installations dédiées à l’avion de transport A-400M et assister à une démonstration en vol du Rafale.

Comme l’a récemment souligné Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, la Malaisie fait partie des clients potentiels du Rafale étant donné que sa force aérienne doit retirer du service ses 12 MiG-29 « Fulcrum », dont seulement 6 ont été maintenus en état de vol afin de préserver leur potentiel et faire des économies sur leur maintien en condition opérationnelle.

Pour le moment, la Malaisie dispose de 18 avions Su-30 MKI pour la supériorité aérienne et de 8 anciens F/A-18 Hornet. Ce qui est clairement insuffisant pour lui permettre de surveiller et défendre son espace aérien.

D’où l’enjeu de la visite de M. Hollande à Kuala Lumpur. D’autant plus que, la semaine passée, sur la foi d’une source proche du ministère malaisien de la Défense, l’agence Reuters indiquait que la Rafale faisait « figure de favori pour un contrat d’équipement de l’armée de l’air de la Malaisie estimé à plus de deux milliards de dollars » (1,85 milliard d’euros).

« La haute direction du ministère fait la promotion du Rafale », avait confié cette source anonyme, dont la fonction ne l’autorisait pas à évoquer ce dossier.

Seulement, il ne fallait pas s’attendre à une décision du gouvernement malaisien à l’occasion de la viste de la délégation française emmenée par M. Hollande. Tout simplement parce que la Malaisie traverse une mauvaise passe économique, en raison de la baisse des revenus du pétrole. Et cela l’a conduit à réduire de 13% son budget de la Défense, lequel s’élève, en 2017, à 3,6 milliards de dollars (1,2% du PIB).

« Nous ne sommes pas encore prêts à prendre une décision, mais nous prenons bonne note de son succès dans d’autres pays », a donc déclaré, au sujet du Rafale, le Premier ministre malaisien, Najib Razak, lors d’une conférence de presse donnée aux côtés de M. Hollande.

Pourtant, le président français a fait l’article. « Nous avons effectivement parlé du Rafale parce que vous vous préparez à prendre une décision », a dit François Hollande, avant d’ajouter que la France souhaite « accompagner » la Malaisie dans ce choix. « Il s’agit de faire la démonstration – je crois qu’elle est faite entre nos deux ministres [de la Défense] – que cet avion est le meilleur au monde », a-t-il continué. Et Paris fait « confiance » à Kuala Lumpur pour choisir l’appareil de Dassault Aviation « le moment venu », a-t-il poursuivi.

La Malaisie est une bonne cliente de l’industrie française de la Défense, notamment dans le domaine navale, avec la commande de deux sous-marins Scorpène et de 6 corvettes Gowind 2500 de DCNS.

Cela étant, le Rafale doit affronter une concurrence importante en Malaisie. Portée par BAE Systems, la candidature de l’Eurofighter Typhoon ne manque pas d’atouts, comme le souligne Steve Osborne, le directeur des ventes pour la région Asie-Pacifique du groupe britannique, lequel a signé plusieurs contrats avec Kuala-Lumpur. « Nous croyons que cela donne au gouvernement malaisien confiance en nous », a-t-il dit. En outre, le constructeur suédois Saab se tient en embuscade avec son JAS-39 Gripen E/F. Même chose avec Boeing, qui espère placer son F/A-18 Super Hornet.

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