Otan : L’Allemagne refuse de livrer des armes à la Turquie

La question des ventes d’armes est toujours sensible en Allemagne. En octobre 2016, un rapport ayant mis en lumière une hausse substantielles des exportations allemandes d’équipements militaires suscita ainsi une vive polémique outre-Rhin. Car, malgré les engagements pris par Sigmar Gabriel, alors ministre de l’Économie, plusieurs pays à la réputation sulfureuse figuraient en bonne place sur la liste des clients.

« Ces ventes sont la honte de l’Allemagne, nos munitions inondent un pays ou l’on fouette les bloggeurs, elles criblent les civils du Yémen. Nos valeurs sont piétinées », avait réagi l’hebdomadaire Der Spiegel.

Officiellement, l’Allemagne dit suivre des principes stricts en matière de ventes d’armes. Quitte parfois à bloquer les livraisons des industriels français de l’armement, dont certains intégrent des composants venus d’outre-Rhin pour concevoir leurs produits destinés à l’exportation.

Ainsi, Berlin se refuse à traiter avec des pays qui ne respectent pas les droits de l’Homme ou bien qui sont en proie à l’instabilité. Cela étant, les livraisons d’armes allemandes aux alliés de l’Otan ne font ordinairement l’objet d’aucune restriction. Sauf que ce n’est plus le cas depuis novembre 2016 pour la Turquie.

D’après la presse allemande, Berlin a interdit au moins à 11 reprises la vente d’armes à Ankara, en raison de l’ampleur de la répression ayant suivi le coup d’État qui manqua de renverser le président Recep Tayyip Erdogan le 15 juillet dernier.

« Le respect des droits de l’Homme est particulièrement important en ce qui concerne les autorisations d’exportation d’armes », a fait valoir le ministère allemand de l’Économie en réponse à une question écrite posée par un député Jan van Aken (Die Linke, gauche radicale). Depuis le coup d’État manqué [en Turquie], « la politique étrangère et de sécurité du gouvernement fédéral accorde une attention particulière au risque » de voir ses armes être utilisées contre les citoyens turcs et les Kurdes en particulier.

Cette information, révélée alors que les relations sont très tendues entre Berlin et Ankara, a été critiquée par les autorités turques. « Nous attendons de l’Allemagne qu’elle fasse preuve de bon sens », a dénoncé Fikri Isik, le ministre turc de la Défense. « Nous avons vu des armes fabriquées en Allemagne dans les mains de terroristes. Ce n’est pas acceptable pour la Turquie. D’un côté l’Allemagne essaye de faire des restrictions pour la Turquie, de l’autre elle condamne l’utilisation d’armes allemandes par les terroristes. L’embargo pour la Turquie est inacceptable », s’est-il insurgé.

Cela étant, certains industriels allemands avaient anticipé les restrictions décidées par Berlin. C’est le cas de l’armurier Hecker & Koch qui, en novembre, avait dit ne plus vouloir vendre d’armes à des pays « non démocratiques » et « corrompus » ainsi qu’à la Turquie.

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