Mossoul : L’offensive contre les jihadistes retranchés dans la vieille ville a repris

Les combats pour déloger les jihadistes de l’État islamique retranchés dans la partie historique de la ville de Mossoul s’annonçaient difficiles et délicats, étant donné la nature du terrain, qui avantage la posture défensive, et la présence de nombreux civils susceptibles de servir de boucliers humains.

Ainsi, le 17 mars, de nombreuses victimes civiles – plusieurs dizaines – ont été signalées dans le quartier d’al-Djadidah, encore contrôlé par l’État islamique. « Nous sommes abasourdis par le nombre effrayant de pertes de vies humaines », a même commenté Grande, coordinatrice humanitaire pour l’Irak.

Une semaine plus tard, la coalition anti-jihadiste sous commandement américain a admis avoir frappé des combattants et des matériels de l’EI « à l’endroit correspondant à celui où ont été signalées les pertes civiles ». Et d’annoncer une enquête « pour établir les circonstances entourant cette frappe et la validité des affirmations sur les pertes civiles. »

L’une des thèses avancées par des habitants, cités par l’agence Reuters, est que la frappe en question aurait atteint un camion de Daesh rempli d’explosifs, ce qui a provoqué la destruction de plusieurs bâtiments et la mort probable de nombreux civils.

« Nous continuerons de prendre des mesures exceptionnelles pour éviter de frapper les civils », a avancé le général Joseph Votel, le chef de l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale. « Le combat à Mossoul est difficile du fait de l’imbrication des jihadistes dans la population civile », a-t-il ajouté, le 26 mars.

« Le nombre élevé de morts parmi les civils dans la vieille ville nous a forcés à arrêter nos opérations pour revoir nos plans », avait indiqué, la veille, un porte-parole de la police fédérale irakienne. « Nous devons à présent réfléchir à de nouveaux plans et à de nouvelles tactiques », avait-il continué, selon Reuters.

Depuis le lancement de l’offensive sur la partie ouest de Mossoul, il est estimé qu’environ 200.000 habitants ont pu fuir combats. Seulement, d’après l’ONU, il en resterait encore 600.000 dans les secteurs encore tenus par l’EI, dont les deux tiers dans la vieille ville.

Cette pause aura été de courte durée puisque l’offensive contre les jihadistes retranchés dans la vieille ville ont reprise ce 27 février. « La police fédérale et la Force de réaction rapide [du ministère de l’Intérieur] ont commencé à avancer aujourd’hui sur l’axe sud-ouest de la vieille ville », a annoncé le général Raëd Chaker, le commandant de la police fédérale. « La rue Farouk située à proximité de la mosquée Al-Nouri, en est l’un des principaux objectifs », a-t-il précisé.

L’enjeu est avant tout psychologique : la mosquée en question est celle où Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI, a fait son unique apparition publique, en juillet 2014, pour annoncer l’instauration d’un « califat » sur les territoires que son organisation venait de conquérir en Irak et en Syrie.

Évoquant la partie occidentale de Mossoul lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 23 février [le compte-rendu vient d’être publié], Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défensed a estimé le nombre de jihadistes présents à « 3.000 ». Ces derniers, a-t-il ajouté, sont « aguerris aux tactiques urbaines » et « se servent de boucliers humains collectifs de manière extrêmement perverse. »

« Nous continuerons notre action en termes de soutien aérien et d’artillerie; nous sommes un contributeur majeur de la coalition. Notre conviction est que la bataille sera gagnée, mais aussi que ce sera long et sûrement très douloureux, d’autant qu’il y a des éléments de résilience de Daech dans les territoires conquis, des cellules dormantes, singulièrement à Bagdad », a affirmé le ministre.

Au passage, M. Le Drian a avancé que la « Golden Division » [unité de l’Iraqi Counter Terrorism Service, ICTS] a perdu, au cours de la conquête de la partie orientale de Mossoul, « environ 25% de ses effectifs ».

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