Orly : Destiné aux aviateurs affectés à l’opération Sentinelle, le stage « Griffon » a permis d’éviter le pire

L’attaque d’une patrouille de trois militaires de l’armée de l’Air par Ziyed Ben Belgacem à Orly, le matin du 18 mars, aurait pu très mal tourner étant donné qu’elle a eu lieu dans un endroit très fréquenté.

Sur les images de vidéosurveillance, on constate que l’assaillant a jeté un sac au sol avant de se précipiter sur l’un des militaires – en l’occurrence une femme – de la patrouille Sentinelle. Selon le procureur de Paris, François Molins, Belgacem aurait crié à ce moment : « Posez vos armes, je suis là pour mourir par Allah. De toutes façons il va y avoir des morts. »

Puis on le voit tenter de s’emparer de l’arme de la jeune militaire qui, pendant ce temps, fait tout pour l’en empêcher. La scène dure environ une minute. Puis les deux autres aviateurs interviennent et tirent sur l’assaillant. La suite est connue : Belgacem a trouvé ce qu’il était venu chercher, heureusement sans faire de victimes.

Connu des services de police (avec 9 mentions au casier judicaire au compteur, pour des affaires de stupéfiants et de vols aggravés) et de la justice, Belgacem se serait radicalisé en prison. Pour autant, il n’a pas été fiché S. De source judiciaire, les analyses toxicologiques effectuées sur sa dépouille ont révélé qu’il était sous l’emprise de l’alcool (0,93 gramme) et de stupéfiants (cannabis et cocaïne) au moment des faits.

Quoi qu’il en soit, la réaction des trois aviateurs a permis d’éviter le pire. D’ailleurs, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a pas manqué de le souligner peu après l’attaque, en saluant leur « professionnalisme » et « leur sang-froid remarquable ».

Comme leurs camarades de l’armée de Terre, qui bénéficient d’une « mise en condition finale » (MCF), les aviateurs déployés sur le territoire national au titre de l’opération Sentinelle suivent un stage appelé « Griffon ». Ce dernier, créé en 2011, s’effectuait encore récemment sur la base aérienne de Saintes, avant d’être « délocalisé » sur celle d’Orange.

Chaque militaire de l’armée de l’Air, qu’il soit d’active ou réserviste, est tenu à participer à ce stage, dispensé par le Centre de préparation opérationnelle du combattant, avant de participer à l’opération Sentinelle ou au plan Cuirasse.

À l’issue de cette formation de 9 jours, explique l’armée de l’Air, un aviateur, doit être en mesure de « maîtriser son arme de dotation dans différentes configurations » ainsi que « les règles d’emploi de la force applicables dans le cadre des opérations Vigipirate ou Sentinelle » et les « techniques de patrouille », « renforcer la capacité à secourir une victime dans un cadre opérationnel » et « savoir mettre en œuvre des techniques d’autodéfense quand la situation l’exige ».

Après l’attaque d’Orly, le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), s’est rendu à Brétigny pour y rencontrer les aviateurs « présents au moment des faits », afin de les féliciter. « Même si ce n’est pas le cœur de votre métier, il faut avoir conscience de vos capacités », leur a-t-il dit.

Le porte-parole de l’opération Sentinelle, le colonel Benoît Brulon, a confié à LCI que les trois aviateurs « vont bien » et bénéficient d’un « suivi psychologique ». Et d’ajouter : Ils « ne peuvent pas témoigner, mais ils se remettent. Ils sont dans la cadre de la procédure judiciaire. Ils ont été entendus comme témoins et ils se constituent partie civile. Ils respectent bien évidemment le secret de l’instruction. »

« Il va y avoir un suivi médical. Nous nous prononcerons ensuite sur l’opportunité ou non de les réengager dans la mission Sentinelle. Nous écouterons bien sûr aussi leur désir, ils peuvent bien sûr choisir de partir », a encore précisé le colonel Brulon.

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