Élection présidentielle : Que propose Mme Le Pen en matière de défense?

À l’occasion de l’élection présidentielle de 2012, le programme de Marine Le Pen, dans sa partie défense, proposait la création d’une Garde nationale qui, forte de 50.000 réservistes « mobilisables dans un bref délai, […] devra agir en renfort des forces de maintien de l’ordre et de sécurité civile, et participer à la défense du territoire national en protégeant les points d’intérêts vitaux. »

Cinq ans plus tard, cette Garde nationale que Mme Le Pen appelait de ses voeux, est devenue réalité. En outre, les principaux candidats à l’élection présidentielle ont retenu l’objectif des 2% du PIB pour le budget de la Défense. Une proposition que la candidate du Front national avait aussi faite en 2012 et qu’elle renouvelle cette année [.pdf]. À la différence que, considérant qu’il s’agit d’un minimum, elle suggère d’inscrire le niveau de cet effort budgétaire en faveur des armées dans la Constitution.

Autre différence avec ses principaux concurrents, Mme Le Pen dit souhaiter porter le budget de la Défense à 2% de la richesse nationale dès la première année du quinquennat, puis à 3% à la fin de son mandat, si elle est élue. Toutefois, elle ne précise pas si les pensions et les surcoûts liés aux opérations extérieures (opex) sont prises en compte dans ses calculs.

Avec un budget nettement revu à la hausse, Mme Le Pen veut assurer une « capacité de défense autonome dans tous les domaines » en finançant notamment un second porte-avions (qui serait baptisait « Richelieu ») afin de garantir une présence permanente d’un groupe aéronaval en mer, le recrutement de 50.000 militaires supplémentaires, la « pérennisation de notre force de dissuasion nucléaire » et « l’augmentation générale de notre format d’armée » ainsi que la modernisation des équipements.

Comme Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche, Mme Le Pen souhaite le rétablissement progressif d’un service militaire obligatoire, d’une durée minimum de trois mois et donnant accès à des prestations sociales, voire à la gratuité du permis de conduire.

Dans son discours sur la politique de défense, l’ancien ministre de l’Économie a précisé que l’instauration du service national universel d’un mois seulement qu’il propose et dont l’utilité militaire reste à démontrer, coûterait entre 15 et 20 milliards d’euros pour les infrastructures et 2 à 3 milliards par an en rythme de « croisière ». Et d’ajouter que ces sommes ne seraient pas prises sur le budget des armées, porté à 50 milliards d’euros en 2025. Qu’en est-il pour le projet de Mme Le Pen? En février 2015, elle avait expliqué que ce service « pourrait être pris en charge par des sources annexes comme le budget de la formation professionnelle. »

S’agissant de l’industrie de l’armement, Mme Le Pen n’évoque pas de coopérations au niveau européen, à la différence de ses principaux concurrents. elle propose seulement de reconstituer, dans tous les domaines, une « une offre industrielle française pour répondre aux besoins de nos armées et garantir notre indépendance stratégique. »

Cela étant, le programme de Mme Le Pen fait la part belle à l’outre-Mer [.pdf] et, plus généralement, à la politique maritime. Là, il est question de mettre l’accent sur les moyens de la Marine nationale en lançant sans tarder le programme BATSIMAR (bâtiment de surveillance et d’intervention unique), qui, à force d’être retardé, est devenu urgent pour éviter des ruptures capacitaires à l’horizon 2020.

« Compte tenu des alertes pressantes et justifiées de l’état-major de la Marine, la cadence de livraison de bâtiments de 2021 à 2024 doit être accélérée. Il convient également de renforcer au plus vite les moyens aéronautiques de patrouille militaire dans l’océan Pacifique, l’océan Indien, l’Arctique. Tous les moyens aériens modernes (drones et avions), complémentaires des bâtiments de surface, doivent être évalués et mis en œuvre de façon pertinente en fonction de la réalité de chaque territoire », peut-on lire dans le programme pour l’outre-Mer de Marine Le Pen.

Qui plus est, toujours sur le même sujet, la candidate du FN souhaite une nouvelle doctrine « d’intervention et une action stratégique » ainsi qu’une « direction à l’État-major des armées en charge des questions spécifiques liées à l’outre-Mer (doctrine, capacités, budget) en relation avec le ministère des Affaires étrangères. »

Enfin, au niveau des coopérations militaires internationales, comme en 2012, Mme Le Pen propose de quitter le commandement militaire intégré de l’Otan (mais pas l’Alliance atlantique…En tout cas, ce n’est pas précisé) pour que « la France ne soit pas entraînée dans des guerres qui ne sont pas les siennes. » Au cas où la clause de défense collective serait invoquée?

« Je ne veux pas forcer nos soldats à faire des guerres qu’ils n’auraient pas décidé. J’ai aimé quand Chirac a dit non pour l’Irak », a lancé Mme Le Pen lors du débat télévisé du 20 mars. Sauf que l’Otan n’a eu aucun rôle dans la décision de lancer l’opération Iraqi Freedom de 2003, pas plus qu’elle n’en a eu dans sa conduite…

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