Taïwan affirme être capable de frapper la Chine avec ses missiles

En décembre, le Liaoning, le premier porte-avions chinois, passa à 90 nautiques des côtes de Taïwan, ce qui mit les forces armées de l’île en alerte. Mais cet épisode n’était pas le premier du genre. En réalité, à en croire un rapport quadriennal sur la défense taïwanaise, la Chine a intensifié son activité militaire dans la région, ce qui ne manque pas d’inquiéter Taipeh.

Pour rappel, la République populaire de Chine considère Taïwan comme une province rebelle. Et les autorités chinoises sont très pointilleuses sur ce sujet. En témoigne la vive polémique qui éclata quand Donald Trump, qui venait d’être élu, eut une conversation téléphonique avec Tsai Ing-wen, la présidente taïwanaise, ce qui laissait présager qu’il allait remettre en cause le principe d’une « seule Chine ».

Quoi qu’il en soit, pour Taipeh, le développement accéléré des capacités militaires chinoises représente une menace d’autant plus « accrue » que, selon le rapport quadriennal, il y a une incertitude sur la « future orientation stratégique des États-Unis ». À cela s’ajoute le risque de conflit en mer de Chine méridionale. Risque qui ne manquerait évidemment pas d’avoir un impact sur l’île.

Aussi, le rapport, qui a rappelé que 1.500 missiles chinois restaient pointés sur Taïwan, préconise un effort important pour renforcer ses capacités militaires. Le ministre taïwanais de la Défense, Feng Shih-kuan, a dit espérer une augmentation sensible de son budget et le porter de 2 à 3% du PIB en 2018.

Pour l’état-major taïwanais, une attaque chinoise pourrait se dérouler selon trois scénarios : une opération amphibie, des tirs de missiles destinés à détruire toute défense et un blocus. Pour faire face à cette éventualité, il a élaboré un nouvelle doctrine militaire mettant l’accent sur la guerre asymétrique. À noter que le Japon considère lui aussi que cette hypothèse est crédible.

Cela étant, même en augmentant significativement ses dépenses militaires, Taïwan ne fera pas le poids face à la Chine. En outre, l’île doit souvent compter sur ses propres ressources industrielles pour équiper ses forces armées, étant donné que les fournisseurs potentiels veillent avant tout à ne pas froisser Pékin. D’où l’annonce – qui se veut dissuasive – du ministre taïwanais de la Défense. Lors d’une séance au Parlement, il a en effet déclaré que le pays est capable de frapper la Chine avec ses missiles balistiques.

« C’est la première fois que le ministère confirme cela », a commenté le député Wang Ting-yu, sollicité par l’AFP. Jamais Taipeh n’avait jusqu’à présent communiqué officiellement sur la capacité de ses missiles, comme le Yun Feng (« Pic nuageux »), dont la portée théorique était jusque-là estimée à 1.200 km.

En outre, le rapport quadriennal est clair sur les intentions de Taïwan. « Si l’ennemi insistait pour nous envahir, nous affaiblirions ses capacités en frappant les soldats ennemis chez eux dans leurs bases, en les combattant sur mer, en les écrasant à leur approche des côtes et en les éliminant sur les plages », y est-il avancé.

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