L’Allemagne veut garder la Turquie au sein de l’Otan

Pour avoir empêché plusieurs ministres turcs de venir sur leur territoire pour des meetings électoraux en vue du référendum visant à renforcer les prérogatives de l’exécutif turc, l’Allemagne et les Pays-Bas ont suscité la colère d’Ankara.

Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, n’y est pas allé de main morte, en accusant Berlin d’utiliser des méthodes « nazies » et de soutenir les « terroristes » du PKK. Les Pays-Bas ont aussi eu droit au même traitement, avec, en plus, des menaces de « représailles » et une évocation de leur rôle dans l’affaire de Srebrenica (Bosnie-Herzégovine), en 1995. Affaire qui est encore vécue comme un traumatisme par les Néerlandais.

Puis, le 14 mars, Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, qui a pu tenir un meeting en France quelques jours plus tôt, y est allé de son couplet en accusant l’Union européenne d’alimenter « la xénophobie et les sentiments anti-turcs » pour avoir simplement demandé à Ankara de « s’abstenir de toute déclaration excessive ».

« J’ai été scandalisé par ce qui a été dit par la Turquie sur les Pays-Bas, l’Allemagne et d’autres (pays) et je n’accepterai jamais cette comparaison entre les nazis et les gouvernements actuels », a réagi Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne.

Cela étant, la Turquie est un membre important de l’Otan. Et certains se demandent si cette dernière y a encore sa place, en raison de sa proximité de plus en plus grande avec la Russie et sa dérive autoritaire. L’ancien chef de la diplomatie américaine, John Kerry, avait posé la question à mots couverts, devant l’ampleur de la répression ayant suivi le coup d’État manqué du 15 juillet.

« L’Otan a également des exigences en termes de démocraties. […] Beaucoup de gens ont été arrêtés, et arrêtés très rapidement. Le niveau de vigilance et d’observation va évidemment être élevé dans les jours à venir. J’espère que nous pourrons travailler de manière constructive et éviter un retour en arrière », avait-il dit.

Cela étant, pour Berlin, exclure Ankara de l’Alliance atlantique ne serait pas une bonne option. « La Turquie ne nous facilite pas la tâche au sein de l’Otan », a déclaré, ce 15 mars, Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense. « Mais personne ne doit s’imaginer qu’une Turquie en dehors de l’Otan nous écouterait mieux, ou serait plus facile à vivre, qu’une Turquie restée dans l’Otan », a-t-elle prévenu.

Et, a-t-elle expliqué, c’est « précisément » parce que les membres de l’Otan font partie d’une « alliance » qu’ils peuvent « discuter plus facilement de (leurs) principes concernant la démocratie et l’ouverture de la société – même dans la controverse. » Et d’ajouter : « Nous ne devons pas abandonner les nombreux Turcs qui ne veulent pas d’un élargissement des pouvoirs du président. »

Cela étant, la Turquie occupe une place particulière dans l’Otan. Sa position géographique lui permet de contrôler les détroits du Bosphore et des Dardanelles, et donc de verrouiller, le cas échéant, l’accès de la flotte russe de la Mer noire à la Méditerranée. En outre, l’Alliance y dispose de plusieurs facilités sur son sol, dont la base d’Incirlik, le radar d’alerte avancée de Kürecik et le centre de commandement à Izmir [Allied Land Forces Southeastern Europe].

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