Le casse-tête nord-coréen

Le président Obama avait prévenu son successeur, Donald Trump : le dossier nord-coréen sera le plus « épineux » à gérer au cours des quatre prochaines années. Et pour les responsables militaires américains, en particulier ceux en poste dans la région Asie-Pacifique, la probabilité d’un conflit dans la péninsule coréenne est la plus probable.

Pour le moment, aucune des solutions avancées pour dissuader Pyongyang de continuer son programme nucléaire et le développement de missiles balistiques n’a donné de résultats tangibles.

Ainsi, en mars 2016, après un nouvel essai nucléaire et le lancement d’une fusée, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté de nouvelles sanctions à l’égard de la Corée du Nord. Sanctions qui promettaient d’être d’une « ampleur inédite ». Résultat : Pyongyang a multiplié les tirs de missiles, dont certains sont allés s’abîmer dans la zone économique exclusive japonaise, et mené son cinquième test d’une arme nucléaire.

Le problème est que tout le monde ne joue pas le jeu, ce qui permet à Pyongyang de contourner les sanctions. Proche alliée de la Corée du Nord, Pékin fait mine de froncer les sourcils à chaque provocation. Puis, quand vient le moment de voter des résolutions coercitives, la Chine cherche à en atténuer la portée… quand elle ne les contourne pas : des banques chinoises, ainsi que le géant des télécommunications ZTE ont été accusés de les avoir violées. En outre, le régime nord-coréen n’est pas si isolé que ça : les câbles diplomatiques américains, révélés par WikiLeaks en 2010, évoquaient des relations avec l’Iran et la Syrie.

Quoi qu’il en soit, la voie diplomatique est toujours privilégiée par Washington. Le secrétaire d’État, Rex Tillerson, doit entamer une tournée en Asie du Sud-Est, le 15 mars, pour évoque le cas nord-coréen avec les responsables chinois, sud-coréens et japonais.

Dans le même temps, les États-Unis ont déployé leur système antimissile THAAD en Corée du Sud (malgré les protestations chinoises) et annoncé leur intention d’y envoyer aussi des drones MALE MQ-1C Gray Eagle [une version du Predator pour l’US Army, ndlr]. Des avions F-35B ont par ailleurs été affectés au Japon et les forces américaines mènent des exercices conjoints avec leurs homologues sud-coréennes et nippones. L’idée est donc d’augmenter les défenses et de dissuader Pyongyang.

Seulement, cette approche n’a eu pour le moment aucun effet sur la Corée du Nord. « Les porte-avions et tous les autres moyens stratégiques des impérialistes américains sont dans le collimateur des puissants moyens de frappe de très grande précision de l’Armée populaire de Corée (APC) », a ainsi encore fait valoir l’agence officielle nord-coréenne KCNA, en évoquant le déploiement de l’USS Carl Vinson dans la région.

Pendant que l’horloge tourne, la Corée du Nord continue le développement de ses missiles balistiques et son programme nucléaire. Sera-t-elle capable de lancer un engin intercontinental capable d’atteindre les États-Unis? Ce n’est pas à exclure, au vu des progrès accomplis ces dernières années, même s’il reste de nombreuses incertitudes sur la capacité des ingénieurs nord-coréens à réaliser de tels missiles.

Aussi, comme l’ont indiqué des responsables militaires américains, « toutes les options sont sur la table » et « elles l’ont toujours été ». Ce qui signifie que le scénario d’un conflit armé est envisagé. L’on peut imaginer que l’idée serait de frapper les sites de production et de lancement de missiles ainsi que les installations nucléaires nord-coréennes, en misant sur l’effet de surprise et la rapidité d’exécution.

Les bombardiers B-2 Spirit de l’US Air Force seraient alors sollicités, pendant que les F-22 Raptor, voire les F-35B, seraient chargés de détruire les défense aériennes du pays, avec le concours des forces spéciales. La tâche ne sera pas aisée : la Corée du Nord aurait plus de 200 lanceurs de missiles répartis sur l’ensemble de son territoire.

Évidemment, si on lui en laisse le temps, Pyongyang ne manquera pas de riposter, en lançant éventuellement des missiles sur la Corée du Sud. D’où l’intérêt des défenses anti-missile. Mais le plus probable est que l’armée nord-coréenne réponde par des tirs intenses d’artillerie, ce qui l’obligera à exposer ses canons aux frappes aériennes. Enfin, la bataille sera aussi navale, la Corée du Nord disposant d’une flotte relativement importante de sous-marins. Mais là encore, les moyens de l’US Navy et de la marine sud-coréenne devraient être assez efficaces pour neutraliser la menace qu’ils représentent.

Reste que le premier mort d’une guerre, c’est le plan… C’est à dire que que, en général, les choses se passent rarement (pour ne pas dire jamais) comme on les a imaginées. En outre, une fois cette action militaire terminée, nul ne sait ce qu’il adviendra du Pyongyang. S’il s’effondre, la Corée du Sud aura en à assumer les conséquences, tant sur les plans humanitaires qu’économiques.

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