Pour l’ONU, la présence des forces de l’Otan en Afghanistan est « essentielle »

Les rapports sur l’Afghanistan se suivent et vont tous dans le même sens. Le dernier en date, remis au Conseil de sécurité par Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, décrit en effet une situation sécuritaire qui n’a cessé de « se détériorer tout au long de 2016 et en 2017. »

En tout, l’an passé, 23.712 « atteintes à la sécurité » ont été constatées dans le pays, soit 5% de plus par rapport à 2015. C’est « le plus grand nombre jamais enregistré par la MANUA » [Mission des Nations unies en Afghanistan, ndlr], est-il affirmé dans ce rapport.

Et la tendance sur les premières semaines de 2017 est à la hausse, avec déjà 1.877 atteintes à la sécurité, soit 30% de plus par rapport à janvier 2016. « Les taliban ont […] accentué la pression dans la province de Helmand, en menant notamment de violents combats dans le district de Sangin fin janvier et début février », explique le document.

Environ 50% de ces atteintes ont concerné, en 2016, cinq provinces méridionales et orientales de l’Afghanistan, dont celles du Helmand, de Nagarhar, de Kandahar, de Kounar et de Ghazni. Sans surprise, le document précise que « le conflit s’est propagé dans d’autres zones géographiques, avec une intensification des activités des taliban dans le nord et le nord-est » du pays, ainsi que « dans la province de Farah à l’ouest ».

Et cela s’est traduit par une hausse de 22% des affrontements entre les forces afghanes et les taliban. Mais ces derniers ne sont pas les seuls à être impliqués.

Le rapport souligne en effet la résilience de la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique, appelée « Province du Khorassan », qui a d’ailleurs revendiqué la récente attaque d’un hôpital militaire à Kaboul. Initalement implantée dans la province de Nangahar, cette dernière serait désormais présente dans celles de Kounar et du Nouristan. « En dépit des opérations de nettoyage menées fin 2016 par les Forces nationales de sécurité afghanes, avec l’appui des forces militaires internationales, le groupe aurait regagné les zones dont il avait été chassé », peut-on lire.

Si les forces afghanes ont su démontrer une certaine résilience, elles se heurtent « à de grandes difficultés, en particulier en ce qui concerne leurs capacités opérationnelles, dont les problèmes de commandement et de contrôle, de direction, de logistique », dit ce rapport. Qui plus est, les « taux d’attrition élevés » ont un impact considérable sur le moral, le recrutement et le maintien des capacités », d’autant plus que les pertes qu’elles subissent ne cessent de s’alourdir. « Les taux de réenrôlement et de rétention des effectifs sont trop faibles pour compenser l’augmentation des pertes et les désertions », avance le rapport. Les effectifs de l’armée nationale afghane s’éleveraient ainsi à 86% « des niveaux prévus. »

Aussi, face à l’intensification du conflit, le rapport de l’ONU estime que le maintien des forces internationales, c’est à dire celles de la mission Resolute Support, conduite par l’Otan, demeure « essentiel »

« La poursuite de l’appui international aux forces de sécurité afghanes, conformément aux engagements pris en 2016 lors du Sommet de Varsovie organisé par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, demeure essentielle », est-il écrit dans ce rapport.

« Compte tenu du nombre et du taux élevé de pertes humaines, un leadership politique fort, des mesures efficaces propres à renforcer les structures de commandement et de contrôle, des capacités opérationnelles et un bon moral sont tous indispensables pour aider les forces de sécurité afghanes à faire durablement front au cours de la prochaine saison des combats », y est-il ajouté.

Cela étant, les 12.000 militaires de l’Otan (fournis pour environ deux tiers par les États-Unis), sont insuffisants. C’est, du moins, ce qu’a affirmé le général Joseph Votel, le chef de l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient. Interrogé, cette semaine, lors d’une audition au Congrès, sur les mesures à prendre pour aider les autorités afghanes face aux taliban, il a estimé qu’il faudrait « des forces [américaines] supplémentaires pour leur mission de conseil et d’assistance soit plus efficace. »

Le chef de la mission Resolute Support, le général américain John Nicholson, n’a pas dit autre chose, en février dernier. Selon lui, il manquerait « quelques milliers » de soldats supplémentaires pour aider les forces afghanes, lesquelles seraient dans une « impasse » face aux taliban.

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