La Syrie va demander aux Nations unies de contraindre la Turquie à quitter son territoire

En août 2014, Ankara a lancé l’opération « Bouclier de l’Euphrate » afin d’empêcher les milices kurdes syriennes (YPG) de faire la jonction entre les territoires qu’elles contrôlent et de sécuriser sa frontière avec la Syrie en chassant l’État islamique de Jarabulus, de Dabiq et d’al-Bab.

Pour cela, la Turquie a déployé des troupes, en particulier des blindés et des forces spéciales, tout en comptant sur des factions de l’Armée syrienne libre (ASL) qu’elle soutient. Après avoir pris le contrôle d’al-Bab, avec un soutien aérien fourni par la Russie (soutien que lui a refusé la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis), les forces turques et leurs alliés ont désormais pour objectif de s’emparer de la ville de Manbij, prise à l’EI par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les effectifs sont en grande partie fournis par les YPG. Et c’est désormais dans cette zone que ce cristallisent les tensions.

En effet, pour la coalition, les FDS sont essentielles pour lancer l’assaut sur Raqqa, la « capitale » syrienne de l’EI. D’où le soutien qu’elle leur apporte, via la livraison de matériels, l’envoi de conseillers militaires et des frappes aériennes (la France est concernée puisque deux Rafale y ont récemment effectué une mission d’appui aérien rapproché).

En outre, la coalition a envoyé des blindes américains Stryker à Manbij, afin de dissuader toute attaque des FDS par les troupes turques et les rebelles de l’ASL. Évidemment, cela ne plaît pas du tout à Ankara, qui a menacé de revoir ses relations avec les États-Unis.

Dans le même temps, Damas n’accepte pas la présence turque sur son territoire car elle constitue une « atteinte à sa souveraineté ». D’ailleurs, les forces gouvernementales syriennes ont pris le contrôle de plusieurs villages des environs de Manbij, en vertu d’un accord avec les FDS, « afin de limiter l’expansion turque et (…) d’éviter une effusion de sang au sein de la population civile », comme l’a expliqué Sherfan Darwish, porte-parole du conseil militaire de la ville. Et dans tout ça, la Russie essaie d’arrondir les angles…

C’est donc dans ce contexte que Damas a demandé aux Nations unies de forcer la Turquie de retirer ses troupes de Syrie et de mettre un terme à l’opération Bouclier de l’Euphrate.

Selon l’agence de presse Sana, le gouvernement syrien a en effet demandé à Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, ainsi qu’au Conseil de sécurité, de « contraindre la Turquie de retirer ses forces d’invasion du sol syrien et de cesser les attaques. » En outre, Damas a appuyé sa requête en accusant Ankara d’être responsable de « la mort de dizaines de milliers de ses fils innocents et de la destruction d’infrastructures syriennes. »

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