La Russie se défend d’avoir violé le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires

C’est une affaire qui commence à devenir ancienne. En février 2014, l’on apprenait que l’administration du président Obama s’inquiétait d’une possible violation, par la Russie, du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI), signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhael Gorbatchev. En cause : l’essai d’un missile de croisière terrestre à capacité nucléaire, effectué quelques années plus tôt.

Or, le traité FNI oblige les États-Unis et la Russie « à détruire leurs missiles balistiques et de croisière sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 1.000 km ainsi que ceux dont la portée est comprise entre 1.000 et 5.500 km. »

« Il a fallu des années au renseignement américain pour recueillir des informations sur le nouveau système de missile russe, mais à la fin de 2011, des responsables ont estimé qu’il était clair qu’il y avait un problème de conformité » avec le traité FNI, écrivait, à l’époque, le New York Times.

Plus tard, le département d’État confirma les informations du quotidien, en précisant que Washington et Moscou discutaient de ce dosssier « depuis plusieurs mois ». Et d’ajouter qu’un « réexamen » était en cours afin de « déterminer s’il y avait eu violation » du traité FNI.

Récemment, le New York Times a de nouveau évoqué ce sujet, en affirmant que les missiles en question – appelés SSC-X-8 par le Pentagone – avaient été déployés près de Volgograd, dans le sud-ouest de la Russie, soit face à la région ukrainienne du Donbass. Sans confirmer, comme il l’est d’usage, cette information, le département d’État se borna à dire qu’il était « très clairement préoccupé par les violations russes, par les risques que cela pose pour la sécurité de l’Europe et de l’Asie » et dit souhaiter « vivement que la Russie se conforme de nouveau au traité. »

Mais, le 8 mars, lors d’une audition devant le comité des Forces armées de la Chambre des représentants, le général Paul Selva, le numéro deux de l’état-major interarmées, a confirmé ce déploiement de missiles de croisière interdits par le traité FNI.

« Le dispositif présente en lui même un risque pour la plupart de nos installations en Europe et nous pensons que les Russes l’ont délibérément déployé pour constituer une menace contre l’Otan et contre les installations situées dans la zone de responsabilité de l’Otan », a en effet déclaré le général Selva. Ce dernier a ajouté que Washington avait évoqué cette question avec Moscou.

« Notre intention (…) est de trouver des moyens de pression pour amener les Russes à se remettre en conformité avec le traité », a encore affirmé le général Selva, sans plus de précision. En outre, il a indiqué que le Pentagone a été « invité à intégrer un ensemble d’options dans la posture nucléaire. » Options qui passent par de nouveaux exercices prenant en compte cette nouvelle donne.

Cependant, et comme les fois précédentes, Moscou a catégoriquement rejeté les accusations américaines. « La Russie a toujours été, elle reste et elle restera fidèle à toutes ses obligations internationales, y compris celles liées au traité sur les Forces nucléaires intermédiaires », a réagi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Cela étant, la doctrine nucléaire russe, revue en 2014, n’évoque pas d’éventuelle attaque préventive. En revanche, « la Russie se réserve le droit de se servir de son arme nucléaire en riposte à une attaque à l’arme nucléaire ou à une autre arme de destruction massive, réalisée contre elle et/ou ses alliés, ainsi qu’en cas d’une agression massive à l’arme conventionnelle mettant en danger l’existence même de l’État. »

Toutefois, le président Poutine avait affirmé, en mars 2015, lors d’une émission télévisée, avoir envisagé de mettre les forces stratégiques russes état en alerte lors de l’affaire concernant la Crimée. » On ignorait alors si les Occidentaux allaient intervenir militairement », avait-il justifié.

Reste à voir les options qui seront envisagées par Washington. Sous réserve que l’administration Trump décide de répondre à cette violation du traité FNI. Ce dernier avait mis fin à la crise dite des « Euromissiles ». À l’époque, en réponse au déploiement de missiles SS-20 par l’Union soviétique, le président Reagan avait ordonné l’envoi de Pershing 2 en Europe de l’Ouest.

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