Mali : Un groupe armé s’oppose à l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou

Fin février, lors d’un déplacement au Mali, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait estimé que le processus de paix entre les groupes rebelles touareg et les autorités maliennes était sur le « bon chemin » dans le nord du pays. « Nous avons eu ces conversations très soutenues qui me permettent aujourd’hui d’avoir un point de vue optimiste sur la situation », avait-il dit, à l’issue d’un entretien avec le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta.

Ce processus découle de l’accord de paix d’Alger, signés en 2015, par le gouvernement malien et les organisations indépendantistes du nord-Mali. Il prévoit notamment des patrouilles mixtes, formées par des soldats maliens, des ex-rebelles la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à dominante touareg, et des combattants du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental), ainsi que l’installation d’autorités intérimaires à Gao, Kidal, Ménaka et Tombouctou.

Lors de la visite de M. Le Drian, et dans le cadre du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), les premières patrouilles mixtes ont été menées à Gao. Et cela, quelques semaines à peine après avoir été la cible d’une attaque terroriste meutrière revendiquée par le groupe jihadiste al-Mourabitoune. D’où l’optimisme mesuré du ministre français.

Quant à l’installation des autorités intérimaires, elle se fait non sans mal. Si aucun problème n’a été signalé à Menaka, il en est allé autrement à Gao où des hommes armés s’y sont opposés en investissant le Conseil régional. Cependant, la situation a pu être rapidement débloquée après négociation et au prix de quelques concessions.

À Kidal, où l’on pouvait craindre quelques difficultés, les autorités intérimaires ont été installées sans souci le 28 février, après toutefois 18 mois de tractations entre les différentes parties (gouvernement, CMA, etc…). Mais c’est à Tombouctou où les tensions sont les plus vives.

Là, un groupe armé, le Congrès pour la justice dans l’Azawad [CJA], apparu sur la scène malienne en octobre 2016, s’oppose à l’installation des autorités intérimaires, au motif qu’elles ne sont assez représentatives à son goût.

Depuis le 5 mars, cette organisation a envoyé ses troupes aux abords de la ville et menacé de prendre le contrôle des bâtiments administratifs. Toutefois, ses combattants en auraient été empêchés par l’intervention des militaires français de l’opération Barkhane et celles des Casques Bleus de la MINUSMA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali, ndlr].

« Des groupes armés opposés aux autorités intérimaires qui auraient dû être mises en place ce jour sont positionnées autour de la ville et menacent de la prendre », a expliqué, rapporte Reuters, le colonel Sidibé, porte-parole du ministère malien de la Défense. En outre, des tirs sporatiques ont été entendus et les commerces ont dû fermer.

Pour le moment, le gouvernement malien essaie de négocier avec le CJA. Mais, a priori, ses exigences seraient trop élevées puisqu’il réclame la modification de la composition des autorités intérimaires. Ce qui serait impossible en l’état.

Le CJA est dirigé par un ancien ministre malien, Hama Ag Mahmoud, qui a rallié le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui fait partie de la CMA, et par le colonel Abass Ag Mohamed Ahmad, un déserteur de l’armée malienne, lui aussi passé dans les rangs de la rébellion touareg.

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