L’US Air Force va tester des avions d’attaque légers dès l’été prochain

En janvier, le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force, était allé dans le sens de John McCain, le président du comité sénatorial des forces armées américaines, qui, dans un document intitulé « Restoring American Power », venait de proposer l’idée d’acquérir 300 avions d’attaque légers, à faible coût, pour des missions de contre-insurrection et d’appui aérien rapproché dans des environnement pas ou peu contestés.

L’ancien candidat républicain à la Maison Blanche estimait alors que des avions technologiquement très avancés, comme le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II n’étaient pas forcément nécessaires pour tous les scénarios d’engagement. En clair, son idée était de concentrer les moyens les onéreux là où ils font vraiment besoin et où ils sont susceptibles d’être les plus efficaces. C’est ce que l’on appelle le « principe de différenciation ».

Pour le général Goldfein, il s’agissait-là d’une « grande idée » susceptible, en plus, de remédier aux problèmes de préparation opérationnelle.

Mais, aussi grande soit-elle, cette idée n’était pas nouvelle. Dans les années 2000, l’Irregular Warfare Office de l’US Navy avait lancé le projet « Imminent Fury » (ou Combat Dragon II), consistant justement à tester un avion d’attaque léger pour des missions de contre-insurrection. Même chose pour l’US Air Force, avec le programme LAAR (Light Attack/Armed Reconnaissance). Seulement, le Congrès ne fut pas convaincu et préféra donner la priorité au développement du F-35.

Finalement, seul le programme Combat Dragon II fut repris par l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie Centrale et le Moyen-Orient, qui, en 2015, engagea deux OV-10 Bronco en Irak à titre d’essai. Et l’US Air Force lança le programme « OA-X » afin de se doter d’un avion d’attaque peu coûteux.

Mais avant de développer un nouvel appareil, le général Goldfein veut savoir si un avion déjà existant ne pourrait pas convenir. Fin février, lors d’une intervention devant le Center for Strategic and International Studies, le général Goldfein a indiqué qu’il avait demandé une enveloppe supplémentaire [estimée à 8 millions de dollars] au titre de l’année fiscale 2017 pour mener des essais à cette fin.

« Nous avons toutes les données opérationnelles à partir des tests » effectués par les deux OV-10 Bronco et « la prochaine étape est de regarder ce que les industriels peuvent nous offrir », a-t-il dit. « Je ne suis pas intétessé par quelque chose qui nécessiterait beaucoup de recherche et de développement. Je suis à la recherche de quelque chose que je peux obtenir maintenant, à faible coût, qui peut fonctionner dans un environnement incontesté et nous fournir les capacités dont nous avons besoin », a-t-il expliqué.

Le 3 mars, lors du Symposium Air Warfare de l’Air Force Association, Lisa Disrbrow, la secrétaire par intérim à l’US Air Force, a indiqué que les essais d’avions d’attaque légers commenceront dès l’été prochain, à la base d’Holloman, au Nouveau-Mexique. Un tel appareil « a le potentiel de réduire considérablement les coûts d’exploitation [une heure de vol de F-35A coûterait 44.000 dollars, ndlr] et de libérer des systèmes plus performants, ce qui donnerait le temps de nous préparer pour faire face à des menaces plus complexes », a-t-elle fait valoir.

Et, d’après le général Goldfein, une deuxième phase de ces essais devrait se dérouler au Moyen-Orient, dans les mêmes conditions que celui des deux OV-10 Broncos envoyés en Irak par l’US Centcom.

Toutefois, ce programme ne fait pas totalement l’unanimité. Ainsi, le général Herbert Carlisle, le patron de l’Air Combat Command, a exprimé des doutes. « Compte tenu de l’évolution des menaces, je me demande parfois à quoi va ressembler un environnement permissif à l’avenir », a-t-il dit, en évoquant la prolifération de systèmes anti-aériens au sein des organisations terroristes.

Quoi qu’il en soit, plusieurs avions pourraient participer à ces essais, commencer par les turbopropulseurs A-29 Super Tucano (retenu pour équiper la force aérienne afghane) et T-6 Texan II. et le Scorpion [un avion à réaction, ndlr], développé par Textron-Airland, pourrait aussi convenir : bien qu’un peu plus cher que les deux premiers, il offrirait un bon compromis. Enfin, le T-50A de Lockheed-Martin (initialement développé par le sud-coréen KAI) et le M-346 de l’italien Leonardo pourraient faire partie de la liste des prétendants.

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