Damas soutient les Forces démocratiques syriennes face aux troupes turques à Manbij

Après avoir fini par chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de la ville d’al-Bab, dans le nord de la Syrie, en appuyant des groupes rebelles syriens, Ankara a prévenu que son prochain objectif serait de s’attaquer à la localité de Manbij, laquelle est, depuis août 2016, aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les milices kurdes (YPG).

Le 2 mars, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a été clair : « Nous avons déjà dit que nous frapperons les YPG si elles ne se retirent pas » de Manbij. Le soucis est que les FDS – et donc les milices kurdes – sont appuyées par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Et cette dernière compte sur elles pour s’attaquer à Raqqa, la « capitale » syrienne de l’État islamique.

« Nous ne voulons pas que notre allié américain continue à coopérer avec des organisations terroristes qui nous prennent pour cible », a fait valoir M. Cavusoglu. Quelques jours pus tôt, le Premier ministre turc, Binali Yildirim, avait prévenu qu’il y aurait « de sérieux problèmes » dans la relation de la Turquie avec les États-Unis dans le cas où ils compteraient sur les milices kurdes pour reprendre Raqqa. Le général Stephen Townsend, le chef de la coalition internationale, y a opposé une fin de non-recevoir pusqu’il a confirmé la participation des FDS – et donc les Kurdes – à l’offensive contre le fief syrien de Daesh.

Le 3 mars, l’on a appris que des combats ont opposé les troupes turques et les rebelles syriens soutenus par Ankara aux FDS, à une dizaine de kilomètres de Manbij.

Les Turcs et leurs alliés rebelles syriens « ont violemment attaqué nos forces avant que nous les repoussions », a en effet affirmé, à l’AFP, un chef militaire kurde surnommé Serhldan. Et, a-t-il déploré, la coalition anti-jihadiste « ne nous aide pas », alors qu’elle compte, sur le terrain des « conseillers » militaires détachés auprès des FDS.

« La coalition patrouille le long de la rivière Sajour (au nord de la ville) et la coordination avec la coalition se poursuit à un niveau élevé », a toutefois relativé Cherfane Darwich, un porte-parole parole du Conseil militaire de Manbij (CMM). Et d’ajouter : « Il ne faut pas oublier que tous les combattants de Manbij ont été formés par les Américains. »

Cela étant, afin d’éviter les frictions avec la Turquie, le CMM serait prêt à remettre aux forces gouvernementales syriennes plusieurs villages proches de Manbij, dans le cadre d’un accord conclu avec la Russie.

Seulement, le chef de la diplomatie turque en a eu visiblement une autre lecture puisqu’il a nié le fait que cet accord porte sur la restitution de villages aux forces syriennes. Selon lui, il ne s’agirait que d’un « pacte de non agression entre les rebelles proturcs et l’armée gouvernementale le long d’une ligne de séparation virtuelle tracée au sud d’al-Bab. » D’où l’attaque contre les FDS…

Par ailleurs, pour Damas, l’intervention militaire turque constitue « une dangereuse escalade et une violation flagrante de la souveraineté de la Syrie ». En outre, les forces syriennes n’ont pas l’intention de s’en prendre aux milices kurdes… Mieux même : à en croire le Pentagone, le régime syrien et la Russie seraient en train d’envoyer des « convois humanitaires » à Manbij.

« Nous savons que des convois humanitaires soutenus par les Russes et le régime syrien sont dirigés vers Manbij. Ils comprennent des véhicules blindés », a en effet affirmé le capitaine de vaisseau Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone, qui n’a fait aucun commentaire sur cette initiative.

En tout cas, cette dernière sert les intérêts de la coalition dans la mesure où elle est de nature à dissuader les troupes turques et les factions de l’Armée syrienne libre (ASL) soutenues par Ankara de s’en prendre aux FDS.

« Nous voudrons voir toutes les parties » présentes dans le nord de la Syrie en ce moment « chercher d’abord et avant tout à vaincre le groupe État islamique », a rappelé le porte-parole du Pentagone.

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