La disponibilité des sous-marins nucléaires d’attaque est désormais confidentielle

Il y a encore peu, il était relativement facile de connaître le taux de disponibilité des six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Rubis en service au sein de la Marine nationale.

Ainsi, un rapport du Sénat sur le maintien en condition opérationnel de la Flotte, publié en 2005, avait donné quelques chiffres à ce sujet, en précisant le taux de disponibilité technique théorique (TDT) et le taux de disponibilité technique réalisée (TDR).

Et l’on pouvait même y lire que, en 2004, « sur les six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) dont disposait la France, un seul était opérationnel, alors que ces bâtiments constituaient un élément essentiel du dispositif de défense nationale » et que « la situation atteignait parfois de telles extrémités que les équipements étaient réaffectés d’un bâtiment à un autre, en fonction des besoins, afin d’assurer au mieux l’exécution du contrat opérationnel de la Marine nationale. »

Plus tard, dans un rapport sur le maintien en condition opérationnelle des matériels militaires, la Cour des comptes livra le taux de disponibilité des 6 SNA pour les années 2008, 2011 et 2012 et constata ainsi une nette augmentation, ce dernier étant passé, en cinq ans, de 40 à 60%. Mais elle souligna aussi que cette amélioration, d’ailleurs constatée pour l’ensemble de la flotte de la Marine nationale, n’était encore pas suffisante pour atteindre « les objectifs visant à tenir 100 jours de mer pour l’ensemble des bâtiments et 110 pour les bâtiments de plus de 1.000 tonnes. »

En 2015, le député (LR) François Cornut-Gentille, avait demandé au ministère de la Défense le taux de disponibilité des SNA pour les années 2013 et 2014 . Et ce dernier les lui communiqua sans problème. Et l’on apprit qu’il s’était élevé à 45,60% et à 46,20% [.pdf]. Cerise sur le gâteau, le coût du maintien en condition opérationnelle – 196 millions d’euros – fut même précisé dans la réponse.

Seulement, depuis cette dernière communication, les données relatives à la disponibilité des SNA est confidentielle. Par deux fois, M. Cornut-Gentille s’est vu donner la même réponse. « La communication des différentes données se rapportant aux sous-marins nucléaires d’attaque sollicitées par l’honorable parlementaire étant soumise à des impératifs de confidentialité liés à leur classification, le ministère de la défense ne peut rendre publiques les informations considérées », lui a-t-il en effet été répondu.

Aussi, le député s’en étonne étant donné qu’il avait pu obtenir cette information auprès du ministre de la Défense lors des années précédentes. « Ces données sont-elles confidentielles et classifiées ou est-on face à une violation du secret défense par le ministre de la défense? », interroge-t-il, avant de demander une « explication » au ministère de la Défense.

Cependant, sans avoir de chiffres précis, l’on peut se faire une idée de la question. Lors des auditions menées par les parlementaires dans le cadre du projet de loi de finances 2016, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEM), qui était alors l’amiral Rogel, avait fait quelques confidences. « Le dépassement du contrat opérationel est aujourd’hui compliqué […] (par) des problèmes de disponibilité des matériels anciens qui vieillissent : c’est le cas des Atlantique 2, […] et des Lynx, mais aussi des SNA de type Rubis, que nous sommes impatients de voir remplacés par les Barracuda », avait-il lâché.

Cela étant, l’on peut supposer qu’il y ait eu une amélioration de la disponibilité des SNA en 2016. En effet, en début d’année, la Marine nationale a affirmé qu’elle avait même « battu un record », avec 1.000 jours passés en mer. « Avec un niveau d’activité en hausse de plus de 10%, c’est la première fois depuis l’armement de ces bateaux qu’un tel taux de présence en mer est atteint », a-t-elle fait valoir.

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