Selon M. Le Drian, il n’est pour l’instant pas possible de chasser l’EI de son bastion syrien de Raqqa

Même si elle a pris du retard, l’opération visant à chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de Mossoul est en bonne voie. La partie orientale de la ville a été libérée par les forces irakiennes et ces dernières ont repris le contrôle de l’aéroport, quelques jours après avoir lancé une offensive en direction des quartiers situés à l’ouest du fleuve Tigre.

Cependant, il faut encore rester prudent. Si le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a aucun doute sur l’issue victorieuse de la bataille en cours, il faut s’attendre à d’importantes difficultés. Déjà, les forces irakiennes ont subi des pertes importantes lors de la prise de la partie orientale de Mossoul. Et il est à craindre qu’il en soit de même pour la partie ouest, plus ancienne et difficile d’accès.

En outre, et selon le dernier compte-rendu sur l’opération Chammal diffusé par l’État-major des armées (EMA), les jihadistes « tentent de fragiliser la sécurisation de l’Est » de Mossoul « en y menant des actions de harcèlement et en en faisant la cible de tirs indirects ». Qui plus est, ils essaient de « maintenir un axe logistique vers Tal Afar, porte de sortie vers la Syrie. »

En Syrie justement, compte tenu de l’implication de nombreux acteurs aux intérêts divergents, la situation est très compliquée. « Daesh se montre assez résilient sur le territoire syrien, en particulier à Deir ez-Zor, où ses troupes sont plutôt à l’offensive, et également à Palmyre, qu’elles ont reprise aux forces armées syriennes », a ainsi relevé M. Le Drian, lors d’une audition au Sénat.

L’objectif de la coalition est de chasser Daesh de son bastion de Raqqa. Cette opération revient aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les milices kurdes syriennes (YPG) constituent la colonne vertébrale. Ce qui ne va pas sans causer des froncements de sourcils à Ankara…

Pour le moment, les FDS, commandées par le général kurde Mazloum, sont sur une ligne de front située au niveau du barrae de Tabqa. Et Raqqa est pratiquement encerclée. Seulement, l’assaut final n’est pas pour tout de suite.

« On ne compte pas suffisamment d’effectifs et de moyens matériels pour envisager la prise de cette ville, qui est beaucoup moins importante que Mossoul – 200.000 habitants -, mais extrêmement bien défendue par les combattants de Daesh », a déploré le ministre. « Nous ne sommes donc pas encore en situation d’agir sur Raqqa, même si on peut l’isoler », a-t-il admis.

« Lorsque le mouvement va se faire de Mossoul vers Raqqa et Deir ez-Zor, les combattants étrangers [de Daesh] ne pourront plus fuir vers la Turquie. L’inconvénient, c’est que la situation créée est explosive, dans un espace très réduit de quelques centaines de kilomètres carrés », a ajouté M. Le Drian.

D’ailleurs, pour le général Herbert Carlisle, le chef de l’Air Combat Command de l’US Air Force, la situation devient critique. « Par définition, comme nous prenons du terrain à l’EI cela crée plus d’occasions de conflits potentiels entre nous et les autres acteurs sur place », a-t-il expliqué, le 24 février. Aussi, il plaide pour une amélioration des communications militaires avec les forces russes engagées en Syrie afin d’éviter toute mésentente.

Photo : Combattants kurdes des FDS

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