Yémen : Les rebelles chiites utiliseraient des bateaux chargés d’explosifs et commandés à distance

Le 30 janvier dernier, une frégate saoudienne appartenant à la classe « Al-Madinah » était endommagée par une explosion alors qu’elle naviguait près du port de Hodeidah, situé à 150 kilomètres au sud-est de Sanaa, la capitale du Yémen, pays où une coalition arabie dirigée par Riyad intervient au profit du président Abd Rabbo Mansour Hadi, dont les troupes sont aux prises avec des rebelles Houhtis.

Peu après cet incident, l’état-major saoudien expliqua que la frégate avait été heurtée au niveau de la poupe par trois « embarcations suicides ». Or, ce mode opératoire ne s’inscrivant pas dans la tradition des rebelles chiites, cette version avait de quoi laisser dubitatif. Finalement, il semblerait qu’elle ne soit pas totalement fausse.

En effet, le vice-amiral Kevin Donegan, qui commande la Ve Flotte américaine, basée à Bahreïn, a indiqué, lors d’un entretien donné à Defense News, que, selon l’estimation de ses services, la frégate saoudienne avait été attaquée par trois embarcations chargées d’explosifs et commandées à distance.

« Ce n’est pas une chose facile à développer. Il y a beaucoup de groupes terroristes qui ont essayé de le faire, ce n’est pas juste une idée trouvée par les rebelles Houthis. Pour la réaliser, ils ont clairement reçu du soutien venu d’ailleurs. Et c’est problématique », a affirmé le vice-amiral Donegan, qui a dit redouter une généralisation de ce type d’attaque, tout en pointant une implication éventuelle de l’Iran.

D’autant plus que, a-t-il souligné, le détroit de Bab el-Mandeb, à proximité duquel elle s’est produite, est tout autant stratégique que celui d’Ormuz. Ainsi, il est le lieu de passage des navires de commerce transitant par le canal de Suez, qui est vital pour la fragile économie égyptienne. Une menace sur le trafic maritime aurait donc des conséquences graves sur la stabilité de l’Égypte. Ce que « nous ne pouvons pas permettre », a expliqué l’officier américain. En outre, elle pourrait aussi avoir un impact sur l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux.

Cela étant, le soutien de Téhéran aux rebelles houthis relève du secret de Polichinelle. Les transferts d’armes iraniennes ont été mis au jour par une récente étude du Conflict Armament Research (CAR), qui a analysé des chargements saisis par les frégates Provence et HMS Darwin dans l’océan Indien.

Plus récemment, les Émirats arabes unis ont officiellement protesté contre les livraisons d’armes de Téhéran en convoquant le chargé d’affaires iranien à Abou Dhabi. « L’armement iranien, dont des drones que les forces de la coalition ont récemment pris pour cible, sont une flagrante violation des résolutions internationales », ont-ils fait valoir dans leur note de protestation, en évoquant la résolution 2216 des Nations unies.

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