Un avion « renifleur » américain envoyé en Europe pour détecter les particules radioactives?

Quand la Corée du Nord effectue un essai nucléaire, l’US Air Force envoie un Boeing WC-135 « Constant Phoenix » patrouiller près de la péninsule coréenne afin d’y collecter les particules radioactives présentes dans l’atmosphère. Et un tel appareil avait également été sollicité en 2011, après le raz-de-marée qui submergea la centrale nucléaire japonaise de Fukushima.

Actuellement, l’aviation américaine ne dispose que de deux exemplaires de ce type d’appareil. Ces derniers sont mis en oeuvre par le 45th Reconnaissance Squadron, basé à Offutt Air Force Base [Nebraska, ndlr]. Et il est très rare de voir l’un ou l’autre de ces avions être déployé en Europe (*). C’est pourtant le cas depuis le 17 février : ce jour-là, un WC-135 « Constant Phoenix » est en effet arrivé à Mildenhall, au Royaume-Uni. Pour le moment, aucune explication sur les raisons de ce déploiement n’a été donnée.

Cela étant, cette arrivée d’un WC-135 en Europe coïncide avec la détection, dans l’atmopshère de plusieurs pays du Vieux Continent, de traces anormalement élevée d’iode 131, un radionucléide d’origine artificielle.

« Le premier signalement fait référence à un prélèvement réalisé au cours de la deuxième semaine de janvier dans l’extrême nord de la Norvège. D’autres détections d’iode 131 ont été observées depuis en Finlande, Pologne, République Tchèque, Allemagne, France et Espagne jusqu’à la fin du mois de janvier », a expliqué l’Institut de de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), via un communiqué diffusé le 13 février.

Et d’ajouter : « Outre le rejet d’iode, dont on ne connait pas encore la source, les conditions météorologiques défavorables liées notamment à des ‘inversions de température’ ont vraisemblablement participé au niveau de concentration de ce radionucléide, ainsi que celui d’autres radionucléides, d’origine naturelle comme le plomb 210 ou encore à la concentration en particules fines (PM2.5 et PM10) conduisant aux épisodes de pollution enregistrés notamment dans la partie ouest de l’Europe au cours de la semaine 4. »

De son coté, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), privilégie aussi l’hypothèse des conditions météorologiques, lesquelles auraient été « propices à la stagnation des poussières dans les couches inférieures de l’atmosphère. » Aussi, « les anomalies ne seraient pas liées à l’augmentation des rejets radioactifs, mais à la diminution des possibilités de dilution », estime-t-elle [.pdf].

Toutefois, la CRIIRAD souligne que le « le faible nombre de points de mesure ne permet pas d’exclure l’existence de rejets anormalement élevés d’une ou plusieurs installations. Si tel était le cas, il faudrait impérativement en identifier l’origine, car les riverains pourraient être exposés à des doses non négligeables. »

Est-ce la raison de l’envoi d’un WC-135 « Constant Phoenix » au Royaume-Uni? Sachant que la radioactivité de l’iode 131 décroît de moitié tous les huit jours, il s’agirait ainsi de déterminer si la concentration anormale de ce radionucléide a été ponctuelle ou si son rejet dans l’atmosphère s’est étalé sur une période de temps importante. D’où l’intérêt d’en chercher la source. En 2011, un phénomène similaire avait été constaté. Et son origine provenait d’un institut de production de radioisotopes basé à Budapest.
(*) Un WC-135 Constant Phoenix avait été déployé en avril 1986 en Europe, après la catastrophe de Tchernobyl

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