Le gouvernement autrichien dit avoir été trompé par Airbus lors de la vente d’avions Eurofighter Typhoon

En 2007, l’Autriche recevait son premier avion de combat Eurofighter Typhoon, dans le cadre d’un contrat d’un montant de d’environ 2 milliards d’euros, signé en 2003 et portant sur la livraison de 18 exemplaires (la commande sera réduite de trois unités par la suite).

Seulement, l’Eurofighter Typhoon n’était pas le premier choix de la force aérienne autrichienne. À l’issue d’évaluations menées à la fin des années 1990, sa préférence allait en effet vers les F/A-18 Hornet et F-16 américains. Mais, pour des raisons financières et politiques, elle fut contrainte de renoncer à une éventuelle commande. Plus abordable, le JAS-39 Gripen, passait alors pour alternative acceptable d’autant plus que Saab, son constructeur, avait soumis une offre portant sur 24 avions pour 2,15 milliards d’euros.

Comment le consortium Eurofighter (Airbus/EADS, BAE Systems et Leonardo/Finmeccanica) avait-il pu faire pencher la balance en faveur de son avion de combat? Très vite, certains soupçonnèrent une affaire de pots-de-vin, affaire qui rythma la vie politique autrichienne, le FPÖ (extrême-droite) et l’opposition de gauche en ayant leur cheval de bataille. C’est d’ailleurs sous la pression de l’opinion publique que, faute de pouvoir annuler le contrat, la commande initiale fut réduite à 15 appareils, afin d’économiser environ 300 millions d’euros.

Plus tard, le général Erich Wolf, alors chef de la force aérienne autrichienne, fut démis de ses fonctions, son épousse ayant reçu 90.000 euros de la part d’un lobbyiste proche d’Airbus. Pour autant, en mars 2011, la plainte visant l’officier fut classé sans suite par le parquet de Vienne.

Mais ce n’était que partie remise puisque, quelques semaines après, une nouvelle enquête fut ouverte suite à des révélations faites par Gianfranco Lande, un homme d’affaires italien. Ce dernier avait alors raconté à la justice qu’une société écran, créée par la filiale allemande d’EADS, avait versé environ 85 millions d’euros à une société appartenant à deux négociants d’armes autrichiens, chargés d’un système de rétrocommissions mis en place dans le cadre du contrat des Typhoon. Et un troisième nom fut alors cité : celui de Karl-Heinz Grasser, un ancien ministre des Finances qui aurait usé de son influence pour pousser la candidature d’Eurofighter.

En novembre 2012, le parquet de Munich (Allemagne) indiqua avoir « perquisitionné plusieurs sites (d’EADS, ndlr) en Allemagne dans le cadre d’une enquête pour corruption lors d’une vente d’avions à l’Autriche. » L’affaire en était restée là jusqu’en janvier dernier. Dans le cadre de l’enquête en cours, Airbus (ex-EADS) indiqua avoir accepté une procédure de « rectification fiscale » concernant les Typhoon autrichiens. D’après des journaux allemands, il était question d’environ 90 millions d’euros que le fisc d’outre-Rhin avait jusque-là refusé de comptabiliser comme des frais d’exploitation.

En Autriche, il n’est pas question d’en rester là. Ce 16 février, , Michael Bauer, un porte-parole du ministère autrichien de la Défense a fait savoir que Vienne va déposer une « plainte en justice contre Airbus ».

Dans un communiqué, le ministère accuse le consortium Eurofighter – et donc Airbus qui était chargé du contrat autrichien – « d’avoir, depuis 2002, délibérément trompé la République d’Autriche tant sur le vrai prix que sur les vraies capacités de livraison et les vrais équipements » des Typhoon [tranche 1, ndlr]. Sans ces actions de « tromperie », souligne-t-il, Vienne n’aurait pas commandé ces avions. Aussi, les autorités autrichiennes entendent réclamer un dédommagement allant de 183,4 millions à 1,1 milliard d’euros.

Du côté d’Airbus, on affirme ne pas savoir sur « quelles constatations est basée » la décision du gouvernement autrichien et ne pas disposer de détails sur la plainte que ce dernier veut déposer.

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