Le Brésil renonce à son porte-avions « São Paulo », l’ex-Foch

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Il y a encore quelques mois, l’amiral Eduardo Leal Ferreira, le chef de la marine brésilienne (Marinha do Brasil) assurait qu’il n’était pas question de renoncer au porte-avions São Paulo. Il était alors prévu de maintenir ce navire en service jusqu’en 2039. Mais c’était faire preuve d’optimisme… Car, le 14 février, il a finalement été décidé de mettre un terme à sa riche carrière opérationnelle, entamée en 1963 au sein de la Marine nationale.

Avec le retrait programmé de son porte-avions léger Minas Gerais, un navire d’origine britannique datant de la Seconde Guerre Mondiale, la Marinha do Brasil chercha une solution peu coûteuse pour conserver ses capacités aéronavales.

À la fin des années 1990, Brasilia s’intéressa tout naturellement au porte-avions français Foch, alors sur le point d’être désarmé. La vente fut conclue pour seulement 12 millions d’euros. Une bonne affaire? En tout cas, côté français (mais on ne le savait pas encore), céder ce navire allait éviter une mésenvature du même ordre que celle connue lors de la « déconstruction » du Clemenceau, le « sister-ship » du Foch. Pour la partie brésilienne, c’était à voir…

Jusqu’en 2005, le « São Paulo » assura les missions qui lui étaient confiée sans le moindre problème. Puis, survint un incident à bord qui marqua le début des ennuis : la rupture d’une canalisation de vapeur causa la mort de trois marins brésiliens. Le porte-avions dut alors subir une série travaux jusqu’en 2010. Évidemment, étant donné son ancienneté, il fut victime de nombreuses avaries au niveau de son système de propulsion, affichant alors près de 50 ans d’âge.

Mais pour être complètement opérationnel, la Marinha do Brasil envisagea alors une refonte complète du navire, afin de le doter de catapultes et d’un système propulsion neufs ainsi que d’un système de combat modernisé. Le constructeur français DCNS était alors sur les rangs pour remporter ce marché estimé à au moins 250 millions d’euros.

Compte tenu des moyens financiers nécessaires pour une telle opération, la durée d’immobilisation du navire et les incertitudes techniques, Brasilia a donc estimé préférable d’arrêter les frais, d’autant plus que la Marinha do Brasil a d’autres besoins plus urgents, dont le renouvellement de ses corvettes ainsi que son programme de sous-marins, qui a pris du retard.

En 2011, le ministre de la Défense alors en exercice, Celsio Amorim, avait confié que son pays envisageait la construction d’un nouveau porte-avions. Mais là encore, cette perspective semble s’éloigner aussi vite qu’est apparu le « miracle économique » brésilien, pourtant vanté par de nombreux analystes il y a peu.

Pour autant, la Marinha do Brasil n’entend pas renoncer totalement à ses capacités aéronavales, uniques en Amérique du Sud. Ses pilotes d’A-4 Skyhawk continueront de s’entraîner… à terre et elle compte sur la coopération de marines « amies ».

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