Une collaboration militaire entre les États-Unis et la Russie n’est pas d’actualité « pour le moment »

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Le navire russe SSV-175 Viktor Leonov, conçu pour la collecte du renseignement, a été repéré à moins de 50 km des côtes américaines, à hauteur d’une base abritant des sous-marins de l’US Navy dans le Connnecticut. Ce n’est pas la première fois qu’un tel bâtiment navigue dans ce secteur : sa présence y a déjà été signalée à plusieurs reprises, par le passé, notamment lors de ses escales à Cuba.

Aussi, au Pentagone, cette information n’a apparemment pas suscité d’émotion particulière. « Nous sommes au courant de la présence du navire. Il n’est pas entré dans les eaux territoriales américaines », a affirmé le lieutenant-colonel Valerie Henderson. Et de préciser : « Nous respectons la liberté de navigation exercée par toutes les nations au-delà des eaux territoriales d’un Etat côtier. »

Cela étant, des membres du Congrès, élus du Connecticut, ne partagent pas ce point de vue. « Même si j’ai une confiance totale dans la vigilance de notre marine, la Maison Blanche doit dépasser son engouement apparent pour Vladimir Poutine et le traiter comme la menace sérieuse pour la paix globale et la sécurité qu’il a été pendant les cinq dernières années », a réagi le représentant Joe Courtney. De son côté, le sénateur Chris Murphy a estimé que la présence du SSV-175 Viktor Leonov « fait partie partie d’une série d’actions agressives de la Russie qui menacent la sécurité nationale et la sécurité de nos alliés. »

Ces deux élus avaient sans doute en tête les faits récents ayant impliqué, la semaine passée, en mer Noire, le destroyer américain USS Porter et l’aviation russe. Ce navire a en effet été survolé de façon « dangereuse et non professionnelle » par 3 bombardiers tactiques Su-24 Fencer et un avion de patrouille maritime IL-38 au cours de 3 incidents séparés.

Ainsi, un Su-24 armé à survolé l’USS Porter à une altitude de 300 pieds et à une vitesse estimée à 500 noeuds. Puis, deux autres, non armés cette fois, l’ont approché à moins de 300 mètres. Enfin, l’IL-38 a évolué dans son sillage à une « altitude inhabituellement basse. »

Sans doute que le chef d’état-major interarmées américain, le général Joseph Dunford, aura discuté de ces incidents avec son homologue russe, le général Valery Gerasimov. Les deux hommes devaient en effet se rencontrer à Bakou, ce jeudi. Une première depuis l’annexion de la Crimée, en mars 2014.

Pour autant, il n’est pas question, pour le moment, d’une quelconque coopération militaire entre les forces armées des deux pays. Et cela, même si le président Trump a évoqué une telle perspective pour « éradiquer » l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie.

« S’il y a une possibilité de combattre l’État islamique avec n’importe quel pays, que ce soit la Russie ou un autre, et que nous partageons un intérêt national sur la question, (alors) bien sûr, nous sommes preneurs », avait en effet affirmé Sean Spicer, son porte-parole.

Sur ce point, le secrétaire américain à la Défense, l’ex-général James Mattis, a été très clair. « La question avec la Russie, c’est qu’elle doit se conformer au droit international comme on l’attend de toute nation raisonnable sur cette planète », a-t-il dit, à l’issue d’une réunion avec ses homologues de l’Otan.

« Nous ne sommes pas dans la position maintenant de collaborer au niveau militaire, mais nos dirigeants politiques vont échanger et essayer de trouver des terrains d’entente », a toutefois affirmé le général Mattis, pour qui il s’agit de faire en sorte que Moscou « respecte ses engagements et revienne à un partenariat ou à une forme de partenariat avec l’Otan. » Mais, a-t-il ajouté, « la Russie devra d’abord s’en montrer digne. »

De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, qui a rencontré, ce 16 février, Sergueï Lavrov, son homologue russe, à l’occasion d’une réunion du G-20, a déclaré que « les États-Unis envisageront de coopérer avec la Russie lorsque nous pourrons trouver des domaines de coopération pratique qui serviront les intérêts du peuple américain. » Et d’ajouter : « Lorsque nous ne serons pas d’accord, les Etats-Unis défendront leurs intérêts et leurs valeurs et ceux de leurs alliés. » En outre, il a aussi demandé à Moscou de « respecter les accords de Minsk et de contribuer à la désescalade de la violence en Ukraine ».

Cependant, à Moscou, Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, a d’ores et déjà prévenu, plus tôt, que « toute tentative américaine de dialogue avec la Russie fondé sur un rapport de force mènerait à l’échec », tandis que, dans le même temps, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé que Moscou et Washington « perdait du temps » au lieu de « normaliser leurs relations ».

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