La Mission de l’ONU en Centrafrique peine à contenir l’avancée de groupes armés vers Bambari

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Depuis maintenant trois mois, dans la région de Bambari, des combats, parfois violents, opposent l’Unité du peuple centrafricain (UPC) du « général » Ali Darass au Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC), dirigé par le chef de guerre Noureddine Adam, ainsi qu’au Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC) d’Al Katim.

Ces trois formations sont issues de la coalition de la Séléka, laquelle, dans le cadre d’un processus de normalisation politique rendu possible grâce à l’opération française Sangaris, fut contrainte d’abandonner le pouvoir qu’elle avait conquis à la faveur du renverserment du président Bozizé, en mars 2013.

Pour autant, plusieurs factions de cette ex-coalition rebelle n’ont pas rendu les armes. Et l’objectif du FPRC et du MPC est de chasser de Bambari les hommes du « général » Darass. Ce dernier, à en croire RFI, a établi une administration parallèle dans cette ville stratégique, avec la mise en place de taxes visant les commerçants et la protection, moyennant finance, des éleveurs de bovins.

Pour empêcher que Bambari soit à nouveau le théâtre d’affrontements, de pillages et d’exactions, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République Centrafricaine (MINUSCA) a instauré une « ligne rouge » passant par la localité d’Ippy, à une soixantaine de kilomètres au nord de la ville.

Seulement, il en fallait plus pour dissuader le FPRC et le MPC. « La ligne rouge de la Minusca à Bambari, n’est pas le mur de Berlin. Même si s’en était un, oui nous allons la franchir, cette ligne rouge. En réalité, c’est la MINUSCA qui soutient Ali Darassa en lui donnant des munitions, mais nous sommes des Centrafricains et nous allons libérer la ville de Bambari », affirmait, le 10 février, le général Joseph Zoundéko, un de leurs chefs militaires.

Le lendemain, les deux groupes armés ont donc défié la MINUSCA, obligeant cette dernière à faire intervenir l’un de ses hélicoptères d’attaque – a priori, un Mi-35 Hind sénégalais – pour arrêter leur progression dans la région d’Ippy.

« La MINUSCA n’a pas eu d’autre choix que d’arrêter l’avancée de la menace d’éléments de la coalition FPRC, afin d’éviter une confrontation dans Bambari qui aurait des conséquences dramatiques pour les populations civiles déjà traumatisées », a expliqué mission des Nations unies.

Seulement, même si cette intervention de l’hélicoptère de la MINUSCA a été fatale à l’influent général Zoundéko, elle n’a pas découragé les combattants du FPRC et du MPC, ces derniers ayant discrétement continué leur progression vers Bambari, d’après les informations de RFI. Et, le 14 février, ils ont même réaffirmé leur détermination à chasser Ali Darass de Bambari.

« Si la MINUSCA n’était pas intervenue, nous aurions déjà conquis Bambari. Notre ennemi n’est pas la MINUSCA mais Ali Darass afin qu’il puisse regagner son pays, le Niger et arrête de manipuler la ville de Bambari », a ainsi martelé Azor Khalit, le sous-chef d’état-major du FPRC.

De son côté, le gouvernement centrafricain en est réduit à l’impuissance. Dans un communiqué, il n’a pu que « condamner les affrontements qui opposent » le FPRC et l’UPC, en évoquant des « confrontations violentes injustifiées » et en les appelant à cesser « immédiatement et sans condition » les combats et à adhérer au processus DDRR [désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement, ndlr]. »

Quant à la France, elle se dit « inquiète » de l’évolution de la situation dans les secteurs d’Ippy et de Bambari et, condamnant « fermement ces violences », appelle l’ensemble des groupes armés à cesser les hostilités et à rejoindre le processus DDRR conduit par les autorités centrafricaines ».

« La France réitère son plein soutien au président Faustin Archange Touadéra et aux autorités centrafricaines en vue du rétablissement de la sécurité et de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire », a encore fait valoir le ministère français des Affaires étrangères.

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