Proche de Moscou, le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump démissionne

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Le général Michael Flynn n’aura pas eu le temps de prendre ses aises dans son bureau de conseiller à la sécurité nationale auprès du président Trump : mis en cause pour avoir eu une conversation avec l’ambassadeur russe en poste à Washington alors qu’il n’était pas encore en fonction, il a été contraint à donner sa démission, le 13 février.

L’affaire a commencé au moment où l’administration Obama annonça des sanctions contre la Russie, en réponse aux interférences de cette dernière dans la course à la Maison Blanche. Dans un premier temps, Moscou envisagea de prendre des mesures similaires et d’expulser 35 diplomates américains. « La réciprocité est la règle de la diplomatie dans les relations internationales », avait expliqué Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Puis, curieusement, Vladimir Poutine, le chef du Kremlin se montra magnanime en décidant de ne pas aller au bout de cette logique. « Nous n’allons pas tomber au niveau d’une diplomatie irresponsable (…). Nous n’allons pas créer de problèmes aux diplomates américains », fit-il valoir.

La conversation qu’a eue le général Flynn avec Sergey Kislyak, l’ambassadeur russe, le 29 décembre, soit un jour avant la décision du Kremlin, est-elle l’une des clés pour comprendre l’attitude de Moscou?

Fin janvier, le Washington Post révéla que les services de renseignements américains s’intéressaient de près au général Flynn, partisan d’un rapprochement avec Moscou pour lutter contre la mouvance jihadiste. « Nous avons battu Hitler en raison de notre relation avec les Russes, donc voir cela comme une relation nécessaire à nos intérêts communs, y compris le groupe État islamique (…), c’est vraiment la position que j’ai sur la Russie », avait-il en effet expliqué.

Nommé conseiller à la sécurité nationale en novembre par le président alors élu, M. Flynn pouvait avoir accès à des informations sensibles suceptibles d’intéresser la Russie. Aussi, ses contacts répétés avec l’ambassadeur russe ne pouvaient qu’intriguer… En outre, tant qu’il n’était pas confirmé dans ses nouvelles fonctions et en vertu d’une loi datant de 1799 (Logan Act), il lui était interdit de négocier avec le représentant d’un gouvernement en froid avec Washington.

Sur la sellette, le général Flynn assura que ses conversations avec l’ambassadeur russe ne portèrent pas sur les sanctions que venait prendre l’administration Obama à l’égard de Moscou. Et il protesta de sa bonne foi auprès de Mike Pence, le vice-président.

Sauf que, rapports du renseignement américain sur la surveillance des contacts avec les diplomates russes, évoqués dans la presse par des responsables actuellement en poste ou ayant servi la précédente administration, contredisent le conseiller à la sécurité nationale…

Ainsi, dans ses conversations avec Sergey Kislyak, le général Flynn aurait « explicitement » fait référence aux sanctions. Et, d’après des confidences recueillies par le Washington Post auprès de certaines sources officielles, il aurait « appelé la Russie à ne pas réagir de façon excessive » aux sanctions de l’adminitration Obama, « laissant entendre clairement que les deux parties seraient en position de revenir sur la question une fois que Trump serait investi président. »

Et, les conversations entre le général Flynn et le diplomate russe « ont été interprétées par certains hauts responsables américains comme envoyant le message inapproprié et potentiellement illégal au Kremlin qu’il pouvait s’attendre à échapper aux sanctions », a écrit le Washington Post.

Puis, le 13 février, le même quotidien américain a porté le coup de grâce, en affirmant que le département de la Justice aurait averti Don McGahn, le conseiller juridique du président Trump, sur un possible mensonge du général Flynn sur la teneur de ses conversations avec l’ambassadeur russe. Teneur qui susceptible de donner lieu à un chantage de la part de Moscou.

Sa position étant devenue intenable, le général Flynn n’a donc pu que donner sa démission, après que Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche, a donné le sentiment que le M. Trump allait le démettre de ses fonctions. « Le président évalue la situation, il parle au vice-président (…) et à plusieurs autres personnes », avait-il dit.

Dans sa lettre de démission, le général Flynn, ancien patron de la Defense Intelligence Agency (DIA) et invité régulier de la chaîne Russia Today avant de prendre ses fonctions de secrétaire à la sécurité nationale, a reconnu les faits qui lui étaient réprochés en affirmant avoir « inadvertance trompé le vice-président élu (Mike Pence) et d’autres personnes avec des informations incomplètes sur (ses) discussions téléphoniques avec l’ambassadeur de Russie. » Le général Joseph Keith Kellogg Jr., un vétéran de la guerre du Vientam, a été désigné pour assurer l’interim.

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