Un responsable italien dénonce les promesses non tenues du programme F-35

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L’Italie tient un place importante dans le programme d’avion de combat F-35 (ou Joint Strike Fighter, JSF) ou F-35 puisque, avec les Pays-Bas, elle fait partie des partenaires dits de niveau 2 de ce projet conduit par le groupe américaine Lockheed-Martin.

Ainsi, plusieurs entreprises transalpines, emmenées par Leonardo (ex-Finmeccanica), fournissent des composants destinés à équiper l’ensemble des F-35 produits. En outre, ce statut de partenaire de niveau 2 fait que l’Italie doit assembler les avions qu’elle a commandés, ainsi que ceux attendus par la force aérienne néerlandaise. À cette fin, une usine, la FACO (F-35 Final Assembly and Check Out), a été inaugurée en juillet 2013 à Cameri.

Qui plus est, il est prévu que cette dernière devienne, à terme, un centre de maintenance pour l’ensemble des F-35 en service en Europe. Pour rappel, outre l’Italie, l’avion de Lockheed-Martin doit équiper le Royaume-Uni [partenaire de niveau 1, ndlr], les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark. De quoi assurer de bonnes retombées économiques, évaluées à 15,8 milliards de dollars dans un premier temps, en prenant en compte la réduction d’avions commandés par Rome (90 au lieu de 131).

Seulement, pour Guido Crosetto, qui avait soutenu le programme F-35 quand il était sous-secrétaire d’État au ministère de la Défense entre 2008 et 2011, le compte n’y est pas. Actuellement président de la « Federazione delle aziende italiane per l’aerospazio, la difesa e la sicurezza » (AIAD), il a accusé les États-Unis de « ne pas honorer leurs promesses » faites quand Rome a rejoint le programme F-35.

À l’époque, la part des travaux devant revenir à l’Italie devait atteindre environ 65% de son investissement. « Aujourd’hui, nous sommes à moins de 20% », a déploré M. Crosetto, dans les colonnes de Defense News. Le problème, selon lui, est que la maintenance des F-35 européens ne se fera pas entièrement en Italie, comme cela avait été prévu.

En effet, en novembre, le Royaume-Uni a décroché un contrat portant sur l’entretien, la réparation, la révision et la mise à niveau de l’avionique et de certains composants des F-35. Une usine sera ouverte dans le nord du Pays de Galles. « Les petites entreprises italiennes ont été exclues parce que la concurrence a favorisé les grandes entreprises », a fait valoir M. Crosetto.

Cela étant, le site de Cameri n’est pas pour autant oublié car il lui reviendra d’assurer les opérations de maintenance sur la cellule des F-35 européens. Théoriquement, l’activité de l’usine galloise ne devrait donc pas empiéter sur celle implantée près de Milan.

« Initialement, Cameri aurait dû fournir et garantir le cycle de maintenance complet [des F-35]. C’était la proposition qui m’avait été faite quand j’étais au ministère. La plaque tournante [de la maintenance] sera au Royaume-Uni. Et pour moi, c’est une promesse non tenue », a dénoncé M. Crosetto.

« À l’époque, j’ai mis ma réputation dans la balance en parlant d’emplois et de la technnologie que l’Italie gagnerait en choisissant le programme F-35. Comment défendre ces choix au Parlement maintenant? », a-t-il demandé.

D’autant plus qu’il faut s’attendre à de nouvelles turbulences pour le F-35 en Italie. Déjà fortement critiqué par la classe politique en raison de son coût, il pourrait faire à nouveau l’objet de coupes sombres à l’issue de possibles élections anticipées, qui pourraient avoir lieu cette année.

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