Libye : Des groupes armés prétendent former une « garde nationale » à Tripoli

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La situation du gouvernement libyen d’union nationale, seul exécutif reconnu par les Nations unies et la communauté internationale (du moins, officiellement), se complique chaque jour davantage. Contesté par les autorités établies à Tobrouk, et donc par le maréchal Khalifa Haftar, il doit aussi faire face à la fronde de l’ancien gouvernement à dominante islamiste, auquel il s’était substitué en mars 2016.

L’on aurait pu penser que ce GNA était soutenu par l’ensemble des milices de Misrata, lesquelles ont pris part à l’offensive qui, appuyée par les forces américaines, a permis de chasser l’État islamique (EI) de Syrte, en décembre 2016. Mais la réalité est encore plus compliquée.

Ainsi, ces derniers jours, des groupes armés venus de Misrata sont arrivés à Tripoli, avec l’intention affichée de former une « garde nationale libyenne sans appartenance politique » et dont la mission sera de combattre les jihadistes de l’EI tout en protégeant les institutions de l’État et les missions diplomatiques.

Une source proche du GNA a confié à l’AFP, le 11 février, que ces groupes armés ont fait partie des troupes qui ont combattu l’EI à Syrte. « Ils se sentent maintenant marginalisés et sont à la recherche d’un appui », a-t-elle dit.

Seulement, cette arrivée d’hommes armés suscite de l’inquiétude. Dès que leur mouvement a été signalé, la diplomatie américaine a affirmé que ce « déploiement risquait de déstabiliser davantage la sécurité déjà fragile à Tripoli », avant d’en appeler à la mise sur pied d’une « force militaire nationale unifiée sous commandement civil capable de fournir la sécurité à tous les Libyens et de lutter contre les groupes terroristes. »

En effet, la création de cette garde nationale viendrait contrecarrer le projet du GNA de lancer, avec le concours des Nations unies, une « garde présidentielle » qui aurait la tâche de sécuriser les institutions gouvernementales et les emprises diplomatiques.

Aussi, le GNA voit dans l’initiative de ces groupes armés, qui seraient, dit-on, proches de Khalifa Ghweil, le chef du précédent gouvernement dit de « salut national » installé à Tripoli, une tentative de créer « un organe de sécurité parallèle » et de « faire entrer la capitale dans un conflit armé sanguinaire. »

« Nous soulignons que ce groupe et ceux qui l’appuient sont considérés comme hors-la-loi et n’ont aucun statut. Et ils vont être traités de la sorte par les organes sécuritaires et judiciaires », a en outre prévenu le GNA, via un communiqué publié le 12 février.

Dans un entretien donné au Journal du Dimanche, le maréchal Haftar avait eu des mots durs à l’endroit du gouvernement d’union nationale. « Ceux qui [le] soutiennent […] sont très peu nombreux et ne sont intéressés que par l’argent », avait-il lancé.

Et d’ajouter : « La communauté internationale ne comprend pas la réalité de notre situation. Elle dispose d’informations erronées et s’appuie là-dessus pour prendre des décisions inapplicables, mauvaises, qui par conséquent, sont refusées par certains et acceptées par d’autres. Pourquoi s’engouffrer dans ce tunnel sombre qui nous détourne de la vérité? Il n’en résulte que de la souffrance pour le pays. Nous, ce que nous souhaitons, c’est voir la lumière au bout du tunnel. C’est aux Libyens de décider ce qui est bon pour eux ».

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