Versions différentes sur les circonstances d’une frappe russe ayant tué 3 soldats turcs en Syrie

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Depuis des semaines, l’armée turque et les groupes rebelles syriens soutenus par Ankara tentent de chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de la localité d’Al-Bab, dans le nord de la Syrie. La coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis restant à l’écart de cette offensive, la Turquie a demandé un soutien aérien à la Russie, qui y a répondu favorablement. C’est ainsi que plusieurs frappes ont été menées conjointement par des avions turcs et russes. En outre, un mécanisme de « coordination » et de « coopération » a été mis en place entre les deux pays.

Mais, le 9 février, trois soldats turcs ont été tués, et 11 autres blessés, lors d’un bombardement russe effectué dans la région d’al-Bab. Tant à Ankara qu’à Moscou, on a parlé d’une frappe « accidentelle ». Et le président russe, Vladimir Poutine, a présenté ses condoléances à Recep Tayyip Erdogan, son homologue turc. Mais c’est là le seul point d’accord entre les deux capitales.

En effet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que les frappes russes avaient visé des « terroristes » à partir de coordonnées fournies par l’armée turque.

« Nos militaires se sont basés, lors des frappes sur les terroristes, sur les coordonnées transmises par nos partenaires turcs. Et aucun militaire turc ne devait se trouver dans la zone définie par ces coordonnées », a en effet déclaré M. Peskov, le 10 février.

« Il y a eu une absence de coordination dans la transmission des coordonnées », a encore insisté M. Peskov. « Les causes de l’incident sont claires. Il n’y a aucun débat. Le président [Poutine] a présenté ses condoléances et a regretté ce qui s’est passé », a-t-il conclu.

Seulement, plus tard, l’état-major turc a donné une version différente de cet incident. « Nos unités touchées par l’avion [russe] le 9 février se trouvaient au même emplacement depuis environ 10 jours », a-t-il indiqué, via un communiqué.

Et d’ajouter : « Les coordonnées indiquant l’emplacement de nos unités ont été réitérées le même jour (08/02) à 23h11 au personnel responsable du centre d’opérations de Hmeimim », où est implantée la base aérienne qui accueille les forces russes depuis 2015.

En outre, a continué l’armée turque, « à peu près au même moment, l’attaché militaire russe à Ankara a été invité au quartier général de l’état-major où les coordonnées indiquant l’emplacement des soldats qui avaient déjà été transmises lui ont été remises en main propre. »

L’incident du 9 février n’est pas le premier du genre. Dans la nuit du 23 au 24 novembre, à al-Bab, trois membres des forces spéciales turques avaient perdu la vie dans des circonstances similaires. Mais à l’époque, Ankara en avait tenu les forces aériennes syriennes pour responsables.

Visiblement, la coordination entre les forces turques et russes doit être améliorée. Et cela d’autant plus qu’il faudra compter un nouvel acteur à al-Bab, ce qui va compliquer davantage la situation. En effet, les troupes gouvernementales syriennes, soutenues par la Russie, ont été repérées à 1,5 km au sud du fief jihadiste, après avoir pris le contrôle d’une route stratégique et d’un village.

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