Incident entre deux avions de patrouille près d’un récif revendiqué par la Chine et les Philippines

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Si les relations entre Manille et Pékin tendent à s’améliorer sous l’impulsion de Rodriguo Duterte, le président philippin, le ministre de la Défense de l’archipel, Delfin Lorenzana, s’est inquiété des intentions de la Chine au sujet du récif de Scarborough, situé à 230 km de Luçon, la principale île des Philippines, et à 650 km de l’île de Hainan, où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) chinois.

Pour rappel, le récif de Scarborough était sous contrôle philippin jusqu’en 2012. Cette année-là, la Chine se l’est approprié en y envoyant des flottilles de bateaux de pêche, protégés par des navires de surveillance des gardes-côtes chinois. Ce différend territorial, qui a donné lieu à des tensions avec la marine des Philippines, a été porté devant la Cour permanente d’arbitrage de La Haye qui, en juillet 2016, a tranché en faveur de Manille. Seulement, l’attitude de Pékin n’a pas varié d’un pouce.

Et, comme pour d’autres archipels situés en mer de Chine méridionale [Paracel et Spratleys, ndlr], Pékin aurait entrepris des travaux de remblaiement sur le récif de Scarborough à des fins militaires, ce qui lui donnerait de facto le contrôle total de la région, avec la possibilité d’y empêcher la liberté de navigation, tant pour les navires militaires que commerciaux.

« Ils [les Chinois, ndlr] ont occupé trois îles là-bas [les Spratleys] et en plus ils essayent de prendre Scarborough. Pour nous, c’est inacceptable », a déclaré M. Lorenzana, lors d’un entretien donné à l’AFP. « Si nous les laissons faire, ils vont construire. C’est très très perturbant. Bien plus perturbant que Fiery Cross [récif des Spratleys, ndlr] car c’est si proche de nous », a-t-il ajouté.

Et c’est justement dans les environs de ce récif que s’est produit un nouvel incident aérien entre la Chine et les États-Unis, liés aux Philippines par un accord de défense que le président Duterte n’a pas (encore) dénoncé.

Ainsi, selon le commandement des forces américaines dans le Pacifique (US PACOM), un avion de surveillance aérienne chinois [Airborne early warning and control – AEW&C] de type KJ-200 aurait effectué une manoeuvre « dangereuse » près d’un appareil du même type – un P3-C Orion – appartenant à l’US Navy.

Cet incident a eu lieu le 8 février. D’après la même source, le KJ-200 chinois se serait approché à environ 300 mètres du P3-C Orion, qui effectuait alors une « une mission de routine conforme aux règles internationales », dans « l’espace aérien international ».

Dans son communiqué, l’US PACOM précise que cet incident sera évoqué avec Pékin via « les canaux diplomatiques et militaires appropriés. »

Cependant, et comme c’est toujours le cas dans ce genre de confrontation, les uns et les autres se rejettent les responsabilités. Ainsi, le ministère chinois de la Défense a répondu que l’équipage du KJ-200 a répondu par des « mesures légales et professionnelles ».

« Nous espérons que la partie américaine (…) adoptera des mesures pratiques visant à éliminer l’origine des mésaventures aériennes et maritimes entre les deux pays », a fait valoir le quotidien officiel chinois Global Times.

Le Shaanxi KJ-200 est récemment entré au service au sein des forces chinoises. Dérivé de l’avion de transport Y-8F-200 (version locale de l’appareil soviétique An-12), il est doté d’un radar fixé sur son fuselage.

Cet incident est survenu alors que les relations entre Washington et Pékin sont plus que jamais tendues depuis l’élection de Donald Trump. En ayant un entretien téléphonique avec la président de Taïwan, ce dernier avait semblé remettre en cause le principe de « Chine unique », suivi par la diplomatie américaine depuis la fin des années 1970. En outre, des membres de son administration ont encore récemment tenu des propos sans concession à l’égard de la Chine.

C’est notamment le cas de Rex Tillerson, le nouveau secrétaire d’État. « Nous allons devoir envoyer à la Chine un signal clair pour qu’elle stoppe la construction sur certaines îles et lui faire comprendre que nous ne l’autorisons pas, non plus, à accéder à ces îles », avait-il déclaré, lors de son audition au Sénat en vue de la confirmation de sa nomination.

Et le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, n’a pas été en reste. « Si ces îles sont en fait dans les eaux internationales et ne font pas proprement dit parties de la Chine, nous ferons en sorte de défendre les (intérêts) internationaux pour qu’ils ne soient pas sapés par un autre pays », a-t-il dit, le 23 janvier.

Cela étant, le 10 février, alors qu’il recevait le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, M. Trump a dit avoir eu une conversation « très chaleureuse » avec Xi Jinping, son homologue chinois. « Nous sommes dans le processus de très bien nous entendre, et je pense que cela bénéficiera beaucoup au Japon », a-t-il ajouté, avant d’assurer qu’il respecterait le « principe de la Chine unique », lequel interdit tout contact diplomatique avec les dirigeants de Taïwan, île considérée comme « rebelle » par Pékin.

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