Le chef de l’US Air Force se dit prudent sur une intensification des raids contre l’EI

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Le président américain, Donald Trump, a donné 30 jours au Pentagone pour établir un plan qui permettrait d’accélérer la campagne actuellement menée contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak et en Syrie. Et, si l’on en juge par ses propos tenus quand il était en campagne électorale, cela sous-entend une intensification des raids aériens. En effet, il avait promis de « bombarder à fond » l’organisation jihadiste, estimant que les résultats de l’opération en cours étaient trop lents à arriver…

Depuis le lancement, en août 2014, de l’opération Inherent Resolve et la mise sur pied de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, l’EI a perdu plusieurs positions importantes en Irak (Tikrit, Ramadi, Falloujah). Et les forces irakiennes lui ont repris partie orientale de la ville de Mossoul.

En Syrie, la situation est plus compliquée, en raison de l’implication de nombreux acteurs aux intérêts divergents. Toutefois, hormis le coup qu’il a réussi à Palmyre et l’attaque majeure qu’il a lancé à Deir ez-Zor, il est sous pression à Al-Bab face aux forces turques et son fief de Raqqa est visé par une offensive menée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), constituées autour des milices kurdes et soutenues par la coalition.

Dans ces conditions, comment accélérer le mouvement, sans envoyer des troupes au sol? La première idée qui vient à l’esprit serait d’intensifier les frappes aériennes contre les jihadistes. Seulement, pour le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force, ce ne serait pas la meilleure chose à faire.

En effet, a-t-il expliqué, les raids aériens de la coalition internationale doivent rester « synchronisés » avec les progrès accomplis par les forces locales sur le terrain ainsi qu’avec les efforts faits pour trouver des solutions politiques permettant d’empêcher le retour des conditions qui ont favorisé l’émergence de l’EI. Et cela passe, par exemple, par la réduction des tensions entre sunnites et chiites. Or, on n’en prend pas le chemin, le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi ayant récemment commandé une enquête sur les exactions commises par les milices chiites sur des civils dans le cadre de l’opération visant à libérer Mossoul…

En outre, le général Goldfein a mis en garde contre un assouplissement des règles d’engagement, susceptible de produire des résultats contraires aux effets recherchés.

« Je suis très fier que nous n’ayons jamais perdu de vue que nous devons faire la guerre en gardant nos valeurs », a fait valoir le général Goldfein. « Les gains à court terme », susceptibles d’être obtenus en intensifiant les bombardements pourraient être faibles par rapport aux « coûts à long terme » que représentent les destructions massives et le risque de dommages collatéraux.

Si « nous n’améliorons pas le sort » des populations sur place, « alors je ne suis pas sûr que nous ayons accompli nos objectifs à longs terme », a souligné le général Goldfein. Et pour lui, les efforts faits en matière d’aide au développement, notamment via l’USAID, sont « aussi importants, sinon plus importants que ce nous faisons depuis les airs », a-t-il ajouté.

Les propos du chef de l’US Air Force rejoignent ceux tenus en mars 2016 par le général français Denis Mercier, le commandant suprême allié Transformation de l’Otan (SACT). Ainsi, avait-il expliqué à l’époque, « le pire est d’engager des moyens militaires sans savoir ce que nous voulons faire politiquement ». D’où la nécessité de s’interroger sur « l’effet final recherché ». Et tant qu’aucune réponse n’est apportée à cette « question fondamentale », la « seule chose que nous pouvons faire au niveau militaire, c’est empêcher Daesh de s’étendre », avait-il ajouté.

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