Même affaibli, l’EI constitue toujours une « grave menace », selon les Nations unies

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Chassé de Syrte, en Libye, acculé à Mossoul, encerclé à Raqqa et à al-Bab, sa faction issue du groupe jihadiste nigérian Boko Haram mise sous pression… L’État islamique est désormais sur la défensive et ce n’est pas une offensive réussie, comme récemment à Palmyre, qui peut faire évoluer cette tendance.

D’autant plus que, comme le souligne un rapport remis au Conseil de sécurité par Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, l’organisation jihadiste a de plus en plus de mal à faire venir des combattants dans les zones de conflit et que ses ressources tendent à s’amoindrir, même s’il fait tout son possible pour les maintenir à un niveau relativement important.

« En dépit des pressions considérables que subissent les finances de l’EI, les sources de revenus du groupe n’ont pas beaucoup changé, celui-ci continuant de compter essentiellement sur les recettes provenant des ressources en hydrocarbures, de l’extorsion et des ‘contributions’, qui, ensemble, représentent entre 70% et 80% de ses revenus », lit-on dans le rapport. Mais le niveau de ces derniers a « sensiblement » diminué.

En effet, d’après les estimations de Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak, les recettes liées à l’exploitation des hydrocarbures ont baissé de moitié, passant de 500 millions à 260 millions de dollars entre 2015 et 2016. Certes, ce montant peut sembler encore élevé étant donné que la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis a visé les infrastructures pétrolières et gazières contrôlées par les jihadistes.

Mais ces derniers, explique le rapport, ont « fait preuve d’ingéniosité dans la réparation ou l’adaptation des équipements et infrastructures endommagés par les frappes aériennes. »

S’agissant du recrutement des combattants de l’EI, il pâtit des difficultés financières de l’organisation, qui réoriente ses ressources essentiellement vers sa « machine de guerre », de ses revers militaires et des mesures prises pour empêcher ses combattants de rejoindre la Syrie et l’Irak. Cela étant, l’organisation tente toutefois de recruter des sympathisants locaux afin de les « encourager à commettre des attentats » dans leur pays d’orgine. Pour cela, il passe par le « Web profond » (Dark Web), le chiffrement et des messagers ».

Aussi, prévient le rapport de M. Guterres, l’EI continue de poser « une grave menace ». Cependant, le document s’attarde sur trois zones en particulier (l’Europe, le Maghreb et l’Afrique du Nord) alors que l’organisation jihadiste est présente dans plusieurs pays asiatiques (Afghanistan, Pakistan, Bangladesh, Philippines notamment) et tente de s’implanter dans la Corne de l’Afrique.

« Le nombre de combattants terroristes étrangers retournant dans des pays européens, peut-être dans l’intention d’y perpétrer des attentats, en association avec des individus radicalisés dans ces pays, pose un problème croissant de sécurité », souligne le document.

« Un certain nombre d’États Membres pensent que seule une petite partie des combattants terroristes étrangers originaires d’Europe encore présents en Irak et en Syrie rentreront en Europe ou se réinstalleront dans d’autres zones de combat », affirme aussi le rapport. Et l’un de ces pays estime que « seulement 10 % des combattants encore là-bas qui résidaient auparavant en Europe tenteront un retour. » Le souci est qu’il est estimé qu’entre 15% et 40% de membres de l’EI d’origine européenne sont déjà rentrés…

En outre, le rapport rappelle que les membres de l’EI envoyés en Europe pour mener les attaques de Paris et de Bruxelles « n’auraient pas tous été identifiés et arrêtés. »

Enfin, s’il a subi un revers majeur à Syrte, en décembre 2016, l’État islamique n’a pas dit son dernier mot en Libye étant donné que ses combattants ont réussi à « se disperser et à s’installer dans d’autres régions du pays ». Et d’ajouter que, selon les « États membres », l’organisation a « globalement maintenu des capacités opérationnelles », au point de continuer à représenter une « grave menace pour les pays voisins ».

« Les pressions constantes exercées sur l’EI en Libye pourraient conduire le groupe à adopter un modus operandi qui se rapproche de celui d’autres entités affiliées à Al-Qaida. Cela signifie que certaines
cellules de l’EI pourraient chercher à se rapprocher des entités affiliées à Al-Qaida dans la région », avance M. Guterres dans son rapport. Mais là, ça reste encore à voir au regard des dissensions entre ces deux entités de la mouvance jihadiste.

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