Pour le ministre britannique de la Défense, la Russie utilise la désinformation comme « une arme »

desinfo-20161230En novembre dernier, lors d’un entretien inédit donné à la presse d’outre-Manche, Andrew Parker, le chef du MI5, le service de renseignement intérieur britannique, avait assez longuement évoqué les menées subversives de la Russie au Royaume-Uni.

Ainsi, selon le patron du MI5, Moscou « s’appuie sur toute sa gamme d’organes étatiques et toute sa puissance pour faire avancer sa politique étrangère de façon de plus en plus agressive, et cela comprend la propagande, l’espionnage, la subversion et les cyber-attaques. » Et d’ajouter que la tâche de ses services était de « barrer la route » aux activités russes sur le sol britannique.

Aussi, les propos tenus par Michael Fallon, le ministre britannique de la Défense à l’occasion d’un discours prononcé le 2 février à l’Université de St. Andrews [Écosse] ne sont pas surprenants.

« Nous voyons aujourd’hui un pays qui, en faisant de la désinformation une arme, a fait naître ce que nous pouvons voir comme un âge post-vérité », a lancé M. Fallon. « La Russie met de toute évidence l’Otan et l’Occident à l’épreuve. Elle cherche à étendre son influence, à déstabiliser les pays et à affaiblir l’Alliance [atlantique] », a-t-il ensuite accusé.

Et d’estimer que « l’Otan et l’Occident doivent y répondre en combattant davantage les contre-vérités répandues par la propagande d’inspiration soviétique. »

« Quoi que nous fassions en terme de dissuasion et de dialogue, nous devons lutter contre la pravda (vérité) de Poutine en faisant éclater plus vite la vérité », a continué M. Fallon, pour qui Moscou « porte atteinte à la sécurité nationale de beaucoup d’alliés et au système des règles internationales », ce qui rend nécessaire de « garder une Otan forte et de dissuader la Russie. »

Toutefois, le ministre britannique a dit espérer une « meilleure relation » avec Moscou. »Nous espérons que la Russie virera de bord (…) La Russie peut encore devenir le partenaire que l’Occident a toujours souhaité. N’ayons pas peur d’espérer, pour citer à nouveau Boulgakov, que ‘toutes choses seront comme il se doit car telle est la loi du monde' », a-t-il dit.

Le discours de M. Fallon n’a pas manqué de faire réagir à Moscou. « Nous sommes convaincus que de telles accusations à l’égard de notre pays sont purement gratuites », a répondu Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. « Nous ne comprenons pas comment un ministre si haut placé puisse avancer ces accusations gratuites qui n’ont aucun fondement », a-t-il ajouté, avant de regretter l’attitude « hostile » de M. Fallon.

Cependant, le ministre britannique n’est pas le seul à dénoncer la « désinformation » russe. En novembre dernier, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il s’est dit « gravement préoccupé par le développement rapide de l’activité inspirée par le Kremlin en Europe, y compris la désinformation et la propagande visant à maintenir ou à accroître l’influence de la Russie et à affaiblir et à diviser l’Union européenne. »

Autre exemple, qui n’est pas isolé (on pourrait citer la Suède ou bien encore la Finlande) : celui de la République tchèque, où le BiS, le service de contre-espionnage local, a dénoncé une « guerre de l’information » menée par la Russie, via un réseau de « marionnettes » et d’agents de propagande susceptibles d’agir à des fins de déstabilisation. Et cela a conduit Prague à créer un « centre contre le terrorisme, les menaces hybrides et la propagande ».

En outre, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Lubomir Zaoralek, a révélé, le 31 janvier, que ces services avaient été la cible d’une attaque informatique, dont la manière avec laquelle elle a été conduite « la fait ressembler beaucoup à celles contre le système internet du Parti démocrate américain ». Une litote pour désigner la Russie.

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