Moscou convoque l’attaché militaire ukrainien après une « provocation »

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Les autorités russes ont convoqué, dans la nuit du 1er au 2 février, l’attaché militaire ukrainien en poste à Moscou pour lui remettre une note de protestation concernant un incident ayant eu lieu près d’installations gazières en mer Noire, précisément au large de la Crimée.

Selon Moscou, le 1er février, un avion de transport ukrainien de type Antonov An-26 aurait survolé de façon « dangereuse », et au moins à deux reprises, les plate-formes de forage d’hydrocarbures « Tavrida » et « Krym-1 », installées au large de la Crimée.

Ce survol à basse altitude a « créé une menace pour la sécurité des installations et du personne », a fait valoir le ministère russe de la Défense, qui qualifié cet incident de « provocation ».

De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a affimé, photographie à l’appui, que l’avion en question avait essuyé des tirs d’armes légères en provenance des plate-formes russes. En outre, il aurait été « verrouillé » par le « radar HF en mode actif habituellement utilisé par des batteries de défense aérienne. »

Cette version est contestée par la partie russe. Au plus reconnaît-on à Moscou qu’un employé d’une des plate-formes « a envoyé quatre signaux avec son pistolet d’alarme pour éviter un accident. »

Les forces armées ukraniennes comptent 9 avions An-26 (dont 2 sont mis en oeuvre par la marine). Ces appareils ne réalisent, du moins a priori, que des vols de transport.

Cet incident est survenu alors que les combats entre forces gouvernementales ukrainiennes et séparatistes pro-russes ont repris de plus belle dans le Donbass (sud-est de l’Ukraine), en particulier dans les environs d’Avdiïvka, une ville industrielle de l’oblast de Donetsk.

Selon la mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), plus de 5.600 violations du cessez-le-feu ont été constatées au cours de la semaine passée.

Pour rappel, un accord de cessez-le-feu entre les belligérants avait été signé à Minsk, en février 2015, sous l’égide de la France et de l’Allemagne. Seulement, il n’a jamais été totalement respecté, des accrochages ayant régulièrement lieu le long de la ligne de front.

« Les combats intenses autour d’Avdiïvka ces derniers jours, impliquant des tirs lourds d’obus avec des armes interdites et causant un nombre important de victimes, sont une rupture flagrante du cessez-le-feu tel que stipulé dans les accords de Minsk », a déploré, le 31 janvier, le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), dirigé par Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

« Nous exigeons un arrêt immédiat des combats. Le respect complet du cessez-le-feu est une étape cruciale vers l’application intégrale des accords de Minsk, qui est la base pour pour une solution pacifique et durable du conflit », a ajouté le SEAE.

Du côté de l’Otan, on fait le même constat. « Nous observons le plus grave regain de violence depuis longtemps » en Ukraine, a ainsi relevé, le 1er février, lors d’une conférence de presse, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

Après avoir demandé l’application de l’accord de Minsk (respect du cessez-le-feu, retrait des armes lourdes interdites et libre accès des observateurs de l’OSCE), M. Stoltenberg a appelé « la Russie à user de sa considérable influence auprès des séparatistes pour mettre fin à la violence. »

Une position soutenue par Donald Tusk, le président du Conseil européen. « Le défi persistant que pose l’agression de la Russie dans l’est de l’Ukraine nous est une nouvelle fois rappelé », a-t-il déclaré, ce 2 février. « Les combats doivent cesser immédiatement. Le cessez-le-feu doit être respecté », a-t-il continué, avant d’estimer que « la Russie devrait utiliser son influence pour un désengagement des séparatistes. »

Cela étant, et comme les responsables occidentaux, le Kremlin s’est dit « extrêmement préoccupé » par le sort des 20.000 habitants d’Avdiïvka, piégés par les combats et privés d’eau et d’électricité, alors que les températures peuvent descendre jusqu’à -15°C.

La ville d’Avdiïvka est sous le contrôle des forces gouvernementales depuis 2014. « Il y a des combats en continu […] et des attaques d’ampleur sur nos positions », a affirmé Olena Mokryntchouk, une des porte-paroles de l’armée ukrainienne, le 30 janvier.

Mais pour Moscou, ce sont les séparatistes pro-russes qui auraient été attaqués. « Nous possédons des informations fiables qui prouvent que ce ne sont pas les forces armées ukrainiennes mais des bataillons de volontaires ukrainiens qui ont mené des tentatives d’attaques sur ce territoire », a en effet affirmé, le lendemain, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

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