L’EI cherche à améliorer les capacités offensives de ses drones

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Le 2 octobre 2016, dans le nord de l’Irak, deux militaires français du Commando Parachutiste (CPA) 10 furent blessés par l’explosion d’un drone piégé appartenant à l’État islamique (EI). Et deux combattants kurdes irakiens (peshmergas) y laissèrent la vie.

Cet incident était alors le premier du genre, bien que l’EI eût déjà utilisé, un an plus tôt, des mini-drones armés dans le secteur de Kobané. Et, d’après le colonel John Dorrian, le porte-parole de l’opération Inherent Resolve [nom de la coalition internationale, ndlr], l’usage de ces engins s’est généralisé depuis le lancement de l’offensive visant à chasser les jihadistes de Mossoul.

Ainsi, au cours des deux derniers mois, l’EI a utilisé plus de 80 drones contre les forces irakiennes, dont plus d’un tiers étaient piégés ou dotés de munitions pouvant être larguées sur une position définie. Selon l’état-major irakien, une douzaine de soldats ont perdu la vie à cause de ces engins – généralement des quadricopters – et une cinquantaine ont été blessés.

À mesure que les jihadistes perdent du terrain à Mossoul, on en sait davantage sur leur organisation. En décembre, un rapport du Conflict Armament Research (CAR), une organisation basée à Londres, avait établi que l’EI avait réussi à mettre sur pied une « industrie de l’armement », avec plusieurs unités de production « obéissant à des standards identiques afin de permettre l’interopérabilité des munitions destinées » à ses combattants.

Ainsi, il a été mis au jour une « Organisation pour la standardisation et le contrôle de qualité », qui, placée sous l’autorité d’un « Comité pour la production et le développement militaire » de l’EI, effectuait des contrôles pour vérifier leur conformité avec les normes qu’elle avait établies. Et les ateliers tournaient à plein régime, grâce à « une très rapide chaîne d’approvisionnement des combattants », relevait CAR, avant de préciser que, pour certains composants, Daesh avait « mis en place un système de détournement à grande échelle du marché domestique turc, via des intermédiaires qui opèrent en son nom auprès de fournisseurs turcs. »

Par ailleurs, l’EI a mis en place une organisation similaire. Selon des documents récupérés sur le terrain par Vera Mironova, une chercheuse de l’Université de Harvard, et exploités par le Combating Terrorism Center (CTC) de West Point, Daesh disposerait d’une unité – la brigade « Al Bara bin Malik » – spécialisée dans la mise au point et l’utilisation de drones.

Ces documents, souligne le CTC, « démontrent que l’EI a mis en place une unité de drone formelle, institutionnalisée, financée depuis 2015, sinon plus tôt », et que le groupe « envisage depuis cette date de s’en servir comme armes d’attaque. »

En outre, les papiers analysés par le CTC indiquent que l’EI contrôle très méthodiquement ses opérations menées avec des drones. Ainsi, des formulaires sont distribués aux opérateurs qui doivent noter le type de la mission (trois choix possibles : entraînement, bombardement, renseignement), sa localisation et le type d’appareil utilisé. Un espace est même prévu pour noter les enseignements en cas d’échec ou de succès.

Plus inquiétant, les listes d’achat découvertes montrent que les jihadistes cherchent à améliorer sans cesse leurs drones. Outre les caméras GoPro, cartes mémoire, GPS et autres enregistreurs numériques, il est question d’émetteurs et de récepteurs vidéo cryptés, ce qui laissent à penser qu’ils cherchent à protéger la transmission des flux d’images captées par leurs appareils.

Comme pour son « industrie de l’armement », l’EI arrive à se procurer ces composants en les commandant via internet ou en passant par des intermédiaires dans des pays de la région. Les jihadistes peuvent construire par eux-mêmes les drones qu’ils utilisent. Mais, généralement, ils ont recours à des modèles disponibles dans le commerce, comme le X8 Skywalker, de facture chinoise.

Visiblement, ce drone leur a ouvert de nouvelles possibilités. Dans une vidéo relayée par le site Jihadology.net, l’on peut voir deux jihadistes faire décoller un tel appareil, muni de deux roquettes sous les ailes, lequelles seront larguées sur un position de l’armée irakienne.

Aussi, prévient le CTC, « à court-terme, nous devons nous attendre à ce que l’EI améliore ses capacités de bombardement à partir de drones et il est probable que ce genre d’opération devienne plus fréquent et plus mortel. »

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