Londres songe à reconsidérer sa position sur la Syrie

johnson-20170127

Sachant que son régime a été plutôt complaisant à l’égard de la mouvance jihadiste en fonction de ses intérêts, le maintien de Bachar el-Assad, à la tête de la Syrie permettra-t-il d’éliminer la menace de l’État islamique (EI ou Daesh), qui est l’objectif de la coalition dirigée par les États-Unis?

Pour la Russie, cette question ne se pose pas car elle a d’autres intérêts. « C’est un salopard mais c’est nôtre salopard », pense-t-on à Moscou, pour reprendre le mot du président Roosevelt à propos de Rafael Trujillo Molina, le président de la République dominicaine.

En revanche, pour la coalition anti-jihadiste, le départ d’el-Assad est un préalable à une solution qui permettrait de mettre un terme à la guerre civile qui ravage le pays depuis bientôt sept ans. Et pour la France comme pour les États-Unis, il s’imposerait « pour des raisons non seulement morales mais aussi d’efficacité ». « Comment un homme pourrait-il rassembler un peuple qu’il a en grande partie contribué à massacrer », avait demandé, en décembre 2015, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères.

Cependant, au sein de la coalition, tout le monde n’est pas exactement sur la même longueur d’onde. Ainsi, en septembre 2015, Philip Hammond, alors ministre britannique des Affaires étrangères, avait affirmé que, si cela était de nature à régler la situation en Syrie, Londres « pourrait accepter le maintien de Bachar el-Assad au pouvoir pour une période de transition. »

Mais, le 26 janvier, Boris Johnson, qui, l’été dernier, a succédé à M. Hammond à la tête du Foreign Office, est allé encore plus loin. Ainsi, il a affirmé que Londres pourrait « reconsidérer » sa politique en Syrie étant donné que les données de l’équation ont changé, avec la défaite des rebelles à Alep-Est, le rapprochement d’Ankara avec Moscou et l’élection, aux États-Unis, de Donald Trump, dont l’intention est d’améliorer les relations de Washington avec Moscou.

« Je dois aussi être réaliste sur le fait que la situation a changé et il se pourrait que nous devions reconsidérer notre façon d’aborder » le conflit syrien », a dit M. Johnson, devant un comité restreint de la Chambre des Lords.

« Nous récitons inlassablement notre mantra exigeant le départ d’Assad, sans jamais être en position de l’obtenir, ce qui a produit la difficulté à laquelle nous sommes confrontés », a continué le chef du Foreign Office. « Il est de notre avis que Bachar el-Assad devrait s’en aller. C’est notre position depuis longtemps. Mais nous sommes ouverts sur la façon et le temps que cela mettra à se produire, a-t-il ajouté. En clair, le départ d’Assad ne serait plus un prérequis mais ce serait quand même préférable qu’il s’en aille.

En outre, M. Johnson a également évoqué une possible coopération avec la Russie pour combattre l’EI. « Trouver un accord avec les Russes pour attaquer Daesh et le rayer de la carte, comme l’a dit le président Trump, pourrait être la voie à suivre », a-t-il avancé.

Cependant, Londres met des conditions à une telle coopération. En effet, comme M. Johnson l’a expliqué, il faudrait qu’un tel accord puisse simultanément permettre de « pousser Assad vers la sortie » et de « diminuer l’influence iranienne dans la région ».

« De toute évidence, ce que nous ne voulons pas, c’est de voir est une nouvelle extension de la politique et de l’influence de Téhéran dans la région », a insisté le chef de la diplomatie britannique.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]