Migrants : L’UE propose un soutien accru aux gardes-côtes libyens

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Le sommet de l’Union européenne qui se tiendra à La Valette (Malte) le 3 février prochain abordera le dossier des migrants. À cette fin, Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a mis sur la table quelques propositions visant à freiner le flux des arrivées en Europe et à mieux lutter contre les passeurs qui opérent principalement depuis les côtes libyennes. Et cela alors que l’Union européenne a lancé, en juin 2015, l’opération navale Sophia afin justement de « casser » le modèle économique des trafiquants.

En avril 2016, Mme Mogherini avait qualifié, dans les colonnes du quotidien « Le Monde », l’opération EUNAVFOR MED Sophia de « réel succès ». Une appréciation contestée par des parlementaires britanniques (qui en ont donné les raisons dans un rapport) ainsi que par Martin Kobler, le représentant spécial officiel des Nations Unies en Lybie.

Ainsi, si l’opération Sophia a effectivement permis de sauver plus de 32.000 personnes et de mettre le grappin sur 100 passeurs (selon les chiffres donnés par les services de Mme Mogherini, il n’en reste pas moins que 4.500 migrants ont perdu la vie lors de la traversée de la Méditerranée. Et le flux migratoire ne s’est pas estompé, loin de là même puisque, l’an dernier, 180.000 migrants, partis pour 90% d’entre-eux de Libye, sont arrivés en Europe.

Le problème est que les navires de l’opération Sophia ne sont toujours pas autorisés à intervenir dans les eaux territoriales libyennes contre les trafiquants. Et l’on voit mal comment cela serait possible dans un avenir proche, au vue des luttes politiques qui déchirent la Libye.

Résultat : les passeurs envoient des migrants sur des embarcations de fortune, avec juste assez d’essence pour arriver dans les eaux internationales afin qu’ils soient récupérés par les navires européens. En clair, l’opération Sophia est un « facteur d’attraction ». Et le modèle économique des passeurs se porte très bien, avec un rapport de 275 à 325 millions d’euros par an.

Alors, que faire? En octobre, l’opération Sophia a commencé la formation de gardes-côtes dépendants du gouvernement d’union nationale libyen (GNA), étant entendu qu’il leur reviendra de lutter contre les trafiquants sur le littoral qu’ils seront chargé de surveiller. Aussi, pour Mme Mogherini, il faudrait accentuer davantage cet effort, via le déblocage de 3,2 millions d’euros ponctionnés sur plusieurs programmes de coopération existants.

Mais comme l’autorité du GNA est chancelante et que le gouvernement rival soutenu par le maréchal Khalifa Haftar a le vent en poupe, le pari semble hasardeux.

En outre, il est aussi question de solliciter les États membres pour réunir au moins 200 millions d’euros pour aider la Libye. Cette somme servirait à équiper les gardes-côtes libyens et à améliorer les « conditions de séjour des migrants » et à accélérer les « retours volontaires assistés » en soutenant le Haut-Commissariat de l’Onu aux réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des municipalités libyennes.

Ces mesures ont été présentées comme étant une « contribution à la discussion » en cours parmi les États membres sur la question de la crise migratoire.

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