Élection présidentielle : Les réseaux sociaux sous surveillance

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En novembre, le service de renseignement extérieur allemand (Bundesnachrichtendienstes – BND) a mis en garde contre de possibles tentatives de déstabilisation des prochaines élections qui auront lieu cette année en Europe, comme cela a été le cas aux États-Unis, où la Russie est accusée d’avoir cherché à influencer le dernier scrutin présidentiel.

Il y a des « indications selon lesquelles des cyberattaques se produisent dans le seul but de créer de l’incertitude politique » et « c’est une forme de pression exercée sur le débat public et sur la démocratie qui n’est pas tolérable », avait alors affirmé Bruno Kahl, le directeur du BND.

S’introduire dans le système informatique d’un parti politique afin d’y dérober des informations confidentielles suceptibles de lui nuire n’est pas l’unique moyen pour déstabiliser une campagne électorale et favoriser un candidat dont les positions seraient compatibles avec les intérêts défendus par une puissance étrangère. En effet, la bataille, si l’on peut dire, se joue aussi au niveau de l’information. Ou plutôt de la « désinformation ».

Ainsi, à en croire l’East StratCom Task Force, un groupe de travail mis en place par le Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne et dont les effectifs seront augmentés en vue des prochains élections, la chancelière allemande, Angela Merkel, serait la cible « favorite » de la propagande russe.

« La désinformation s’est concentrée sur Angela Merkel » en insistant sur « sa responsabilité présumée dans la crise migratoire dans l’UE, voire dans les attentats », a ainsi expliqué une source européenne à des journalistes, a rapporté l’AFP.

La diffusion de fausses informations, dont l’étude relève des sciences sociales computationnelles, est favorisée par trois facteurs. Le premier est que la population des internautes compte une proportion de gens dits « analphabètes fonctionnels », c’est à dire que ces derniers, s’ils savent lire, ont des difficultés à comprendre un texte. Et cela touche toutes les catégories sociales. Au Québec, par exemple, une récente étude a montré que 27% des Québecois âgés de 16 à 65 ans titulaire d’un diplôme universitaire entrent dans cette catégorie.

Le second facteur, souligné dans le dernier numéro de « Pour la Science » par Walter Quattrociocchi, du Laboratoire de sciences sociales computationnelles de Lucques (Italie), relève de la psychologie sociale. En général, on a tendance à privilégier des « informations » qui vont dans le sens de notre perception du monde et de nos préjugés et à délaisser les autres. En clair, on donne la priorité aux « sources » qui nous racontent ce que l’on a envie d’entendre.

Enfin, un troisème élément, toujours avancé par M. Quattrociocchi, est que, sur Internet et les réseaux sociaux en particulier, l’émission et la réception des contenus se font sans intermédiaires. C’est à dire qu’une personne lambda peut raconter n’importe quoi sans le moindre souci de véracité. Et si ce qu’elle dit va dans le sens de nos préjugés, alors on abandonnera tout sens critique.

Pour autant, en vue de la prochaine élection présidentielle, il n’est pas question de surveiller les contenus diffusés via les réseaux sociaux à des fins de propagande. Dans un entretien donné au quotidien Le Monde, Louis Gautier, le Secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale (SGDSN) a précisé les mesures prévues afin d’empêcher la perturbation de la campagne électorale.

« Nous allons mettre en place, pour le Conseil constitutionnel et le ministère de l’Intérieur, dès le début de la campagne officielle, une veille sur les réseaux sociaux », a confié M. Gautier au journal. « Cette veille ne porte pas sur les contenus. Il ne s’agit pas d’une ‘traque de la propagande’ (…) Il s’agit exclusivement de détecter d’éventuelles perturbations ou anomalies, comme le référencement forcé de messages par le biais de robots », a-t-il précisé.

Si, au cours de cette veille, des anomalies sont détectées, alors, a indiqué M. Gautier, elles seront signalées au Conseil constitutionnel, à qui il « reviendra d’en apprécier la portée ».

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