Le Burkina Faso, le Niger et le Mali vont créer une force militaire conjointe

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Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, en décembre, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait avancé l’idée de créer une « force régionale » avec les autres pays du Sahel afin de lutter contre les groupes jihadistes.

Mais la Mauritanie ne sera pas concernée par l’initiative que viennent de lancer le Mali, le Burkina Faso et le Niger. En effet, ces trois pays, affectés par les actions des organisations jihadistes implantées au Sahel, ont décidé de mettre sur pied une force conjointe destinée à lutter contre l’insécurité dans la zone du Liptako-Gourma, qui, chevauchant leurs frontières respectives, est « en passe de devenir un sanctuaire de groupes terroristes. »

Cette décision a été prise le 24 janvier à Niamey, à l’occasion d’un sommet de l’Autorité du Liptako-Gourma (ALG), une organisation créée en 1970 afin de promouvoir les ressources de cette région et d’en assurer le développement économique. Cette zone, d’une superficie de 370.000 km², abrite 45% de la population totale des trois pays concernés.

« Nous avons décidé (…) de la mutualisation de nos moyens de renseignements, de nos capacités (militaires) opérationnelles pour faire face à la situation sécuritaire dans cette zone », a expliqué Mahamadou Issoufou, le président du Niger.

Cette Force multinationale de sécurisation du Liptako-Gourma (FMS/LG) s’inspire de celle qui a été créée par les pays du bassin du Lac Tchad (Nigéria, Cameroun, Niger, Tchad) et le Bénin pour lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram [Force multinationale mixte, FMM, ndlr].

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Seulement cette dernière bénéficie de financements extérieurs, l’Union européenne ayant, par exemple, accordé une aide de 55 millions d’euros. Or, pour le moment, aucun dispositif n’est prévu pour cette FMS/LG.

Mais pour M. Issoufou, comme « la Force multinationale mixte a beaucoup affaibli Boko Haram », alors « il n’y a pas de raison qu’on ne s’en inspire pas au niveau des trois frontières qui concernent le Burkina Faso, le Mali et le Niger. » D’autant plus que les circonstances l’exigent.

« Jadis havre de paix », la région du Liptako-Gourma « est en passe devenir un sanctuaire de groupes terroristes et de criminels de tous genres », explique le communiqué final publié à l’issue du sommet de Niamey. Et « malgré les efforts déployés par les Etats membres, en relation avec la communauté internationale (…) la situation sécuritaire demeure volatile et préoccupante », insiste-t-il.

La création d’une telle force multinationale était réclamée depuis plus mois par le président nigérien. « Face au terrorisme, nous n’avons d’autres choix que la mutualisation de nos forces et de nos moyens de défense et de renseignements », avait-il plaidé, en juin 2016. En outre, elle permettra de régler les problèmes de « droit de poursuite » qui demeurent au sein du G5 Sahel, créé en 2014 pour renforcer la coopération en matière de sécurité entre la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.

Reste à voir comme l’action de cette FMS/LG pourra s’articuler avec celle de la Force Barkhane. Théoriquement, et étant donné que les militaires français ont l’habitude de mener des missions « tripartites » avec leurs homologues maliens, nigériens et burkinabé, il ne devrait pas y avoir de problèmes.

Par ailleurs, et s’agissant de la région du Liptako-Gourma, la France a récemment lancé un projet « Appui à la coopération transfrontalière au Sahel » (ACTS), grâce à un financement du Quai d’Orsay et en liaison avec la Direction de la coopération de sécurité et de Défense (DCSD), avec pour objectifs d’améliorer la « gestion des espaces frontaliers pour lutter contre le terrorisme et les trafics illicites », d’instaurer des « relations de proximité et de confiance entre les populations locales et les autorités » et de mettre en oeuvre des « projets de développement inclusifs, en particulier dans le domaine du pastoralisme, de l’éducation et de la santé. »

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