Que proposent MM. Valls et Hamon en matière de politique de défense?

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Finalistes de la primaire de la droite et du centre, François Fillon et Alain Juppé avaient livré des propositions relativement précises en matière de politique de défense. Et, globalement, elles allaient dans le même sens, même si l’on pouvait noter quelques divergences sur quelques aspects, comme, par exemple, la nécessité de poursuivre ou non l’opération intérieure Sentinelle.

Á gauche, Manuel Valls et Benoît Hamon, arrivés en tête à la primaire de la « Belle alliance populaire », sont en revanche moins précis sur les questions militaires dans la mesure où ils se contentent l’un et l’autre de fixer une orientation générale ou de faire des déclarations d’intention.

Sans doute que M. Valls compte s’appuyer sur le bilan de l’un de ses principaux soutiens, à savoir Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Dans son programme, l’ancien Premier ministre avance que « pour assurer nos capacités d’intervention et de projection et préparer la rénovation de notre dissuasion nucléaire, un effort financier en matière de défense est plus que jamais nécessaire. »

Alors que, comme le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées, le président Hollande a récemment plaidé pour porter le montant du budget des armées à 2% du PIB d’ici 2022, M. Valls entend atteindre cet objectif en 2025. Et, pour lui, cet effort « doit être mis au service d’une stratégie de défense claire et rigoureuse. »

Pour Benoît Hamon, il est aussi question de « renforcer les moyens de l’appareil militaire français qui continuera à être l’un des plus perfectionnés au monde à condition d’être entretenu. » Comme son rival, il estime qu’il faut « pérenniser notre dissuasion nucléaire afin de garantir notre souveraineté, notre autonomie de décision et notre liberté d’action », « investir dans l’entraînement de nos forces armées », « garantir un groupe aéronaval à la France » et « assurer la protection de notre Zone Economique Exclusive en modernisant notre flotte. »

Pour cela, et s’il est élu, M. Hamon compte présenter, dès l’automne 2017, un projet de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité et la défense. Et de promettre, d’ici 2022, de consacrer 3% du PIB aux « dépenses de défense et de sécurité intérieure ».

Comme le budget dédié aux missions de sécurité est, en 2017, de 13 milliards d’euros (soit 0,61% du PIB, hors pensions), l’effort en matière de défense serait donc conséquent. Reste la question du financement…

Autre point abordé par les deux candidats : celui de la défense européenne. Pour M. Valls, qui parle plutôt d' »Europe de la Défense », l’UE doit se doter d’une capacité d’intervention et de projection afin de pouvoir affirmer son « autonomie stratégique ».

« Là encore, il faudra poursuivre sur la bonne voie engagée ces derniers mois par les ministres de la défense français et allemand. Chacun doit faire des efforts en termes de solidarité, au plan opérationnel pour rendre plus efficaces les missions engagées sur le terrain, mais aussi au plan financier », estime l’ancien Premier ministre. Après avoir rappelé la proposition, faite par la Commission, de créer un fonds européen de défense, M. Valls propose « d’en faire un outil puissant de mutualisation des dépenses permettant aux États
membres d’acquérir des biens pour investir dans des équipements et technologies. »

Sur ce point, M. Hamon veut lancer une « véritable stratégie de coopération européenne dans le domaine de la défense » (ce qui ne peut marcher que si plusieurs États membres sont décidés à aller de l’avant, ce qui est loin d’être gagné). Mais pour député des Yvelines, cette défense européenne se mettrait au service des forces françaises puisqu’il parle d’une « amélioration du hub européen afin que nos partenaires accentuent leur soutien logistique et financier aux opérations extérieures faites par la France. »

En outre, Benoît Hamon propose le renforcement des états-majors européens et des brigades binationales (comme la brigade franco-allemande) ainsi que la mutualisation progressive des moyens de renseignement avec « la mise en place de task forces multilatérales pour aboutir à une agence de renseignement européenne. » Hors, s’il y a un domaine où les États rechignent à partager quoi que ce soit, c’est bien celui du renseignement….

Enfin, M. Hamon propose de sortir les dépenses militaires de la règle des 3% de déficit définie par les critères de Maastricht. « Avec le Brexit, la France sera bientôt le seul pays de l’Union européenne à porter un effort budgétaire significatif en matière de défense. Or la défense française assure notre protection mais aussi celle de l’ensemble des Européens. C’est pourquoi la France ne devrait en aucun cas être pénalisée dans son effort de défense par les règles de gouvernance budgétaire de la zone euro », estime-t-il.

Au niveau des mesures sociales concernant les militaires, seul M. Hamon a fait des propositions. Mais là encore, on reste dans le vague. La seule mesure concrète de son programme porte sur le « renforcement » du sas de décompression pour les soldats qui viennent d’effectuer une opération extérieure.

Dans leurs programmes respectifs, les deux finalistes de la primaire de « Belle alliance populaire » n’évoquent pas dans le détail les industries de défense, le lien armée-nation, la condition militaire (état des casernes par exemple) ou encore l’émergence de nouvelles menaces.

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