M. Fillon propose une « alliance européenne de défense »

fillon-20170123La proposition que vient de faire François Fillon, le candidat de la droite et du centre à la prochaine élection présidentielle, ne figurait pas dans son programme. Du moins jusqu’à présent. Ainsi, dans un entretien donné aux quotidiens « Le Monde » et « Frankfurter Allgemeine Zeitung », l’ancien Premier ministre a plaidé en faveur d’une « alliance européenne de défense », aux côtés de l’Otan, afin de mieux lutter contre la menace jihadiste et de prendre en compte les conséquences de l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Ainsi, pour M. Fillon, qui a mis en garde contre le discours « très agressif » du nouveau locataire de la Maison Blanche, l’Europe doit « s’organiser face à une politique américaine » qui « ne fera pas de cadeaux ». Et cela « suppose, plus que jamais, une initiative européenne. »

En outre, alors que M. Trump ne cesse de dire que l’Otan est « obsolète », M. Fillon estime le contraire.

« L’existence d’une alliance de défense transatlantique n’est pas obsolète, elle est même nécessaire », a-t-il en effet dit, lui qui était Premier ministre au moment du retour de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Otan. « Mais, a-t-il relativisé, Mais elle n’est en rien une protection contre le totalitarisme islamique qui tente de déstabiliser une zone immense qui va du Pakistan au Nigeria. »

Pour prendre en compte cette menace, M. Fillon ne propose pas une défense européenne intégrée mais « une alliance européenne de défense » étant donné qu’il estime que « la politique américaine qui pilote l’Otan n’est pas la solution contre le totalitarisme islamique. » Et « Trump ou pas Trump », l’Europe « doit se construire une défense propre », croit-il.

En quoi consisterait cette « alliance de défense européenne »? Selon M. Fillon, elle viserait à « mettre en commun des moyens », à « bâtir une industrie européenne » et à « créer un fonds qui mutualise et finance les dépenses d’intervention extérieure. »

Quant à l’idée de sortir des critères de Maastricht (moins de 3% de déficit) les dépenses militaires, comme le proposent certains responsables politiques, notamment à gauche, M. Fillon la qualifie « d’artifice de politiciens » car « à la fin vous allez toujours voir votre banquier pour qu’il vous prête. » Aussi, pour lui, le mieux est « d’avoir une mutualisation. »

Par ailleurs, M. Fillon, qui dit « constater la dérive russe », estime que la « relation avec la Russie est une question stratégique pour l’avenir de l’Europe » et que des erreurs ont été commises à son égard, ce qui a eu pour conséquence de « la pousser vers ses travers. » Or, dit-il, c’est un « pays immense qu’on ne peut pas traiter avec légèreté, c’est un pays qui n’a pas de tradition démocratique et qui détient l’arme nucléaire. »

« Il faut refonder notre relation avec la Russie. Cela passe par un règlement de la question ukrainienne. Kiev comme Moscou doivent respecter l’accord de Minsk. Dans un second temps, il faut un nouveau partenariat économique avec la Russie et enfin, je propose une conférence Europe-Russie sur les nouvelles conditions de sécurité en Europe », a plaidé M. Fillon.

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