Un camp de déplacés bombardé par erreur au Nigéria

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Fin décembre, l’armée nigériane a affirmé avoir chassé le groupe jihadiste Boko Haram (ou « État islamique en Afrique de l’Ouest ») de la forêt de Sambisa, où il s’était implanté depuis plusieurs années, dans le cadre de l’opération « Lafiya Dole ». Et d’annoncer que, entre les 14 et 21 décembre, un « total de 564 terroristes ont été arrêtés » et que « 19 autres se sont rendus » aux soldats nigérians.

Reste à voir à quelle branche de Boko Haram ces jihadistes appartenaient. En effet, le groupe s’est scindé en deux en août 2016, après la désignation à sa tête, par l’État islamique (EI ou Daesh), d’Abu Musaab Al Barnawi, et donc l’éviction de son chef historique, Abubakar Shekau. Ce dernier a d’ailleurs démenti les informations données par Abjua.

« Nous sommes en sécurité, nous n’avons été chassés de nulle part. Et les tactiques et les stratégies ne peuvent pas révéler notre position, sauf si Allah le veut », a en effet affirmé Shekau, dans une vidéo diffusée le 29 décembre. « Vous ne devriez pas mentir aux gens. Si vous nous avez écrasés, comment pouvez-vous me voir ainsi? Combien de fois nous avez-vous tués? », s’était-il même étonné.

A priori, les jihadistes nigérians ont déplacé leur base de la forêt de Sambisa vers une autre région, a priori celle de Kala-Balge, située dans l’État de Borno (nord du Nigéria), à 180 kilomètres de Maiduguri. Et c’est pour cette raison que le général Lucky Irabor, qui commande les opérations contre Boko Haram, a décidé une frappe aérienne dans cette zone, où un « regroupement de terroristes » était alors signalé.

Seulement, l’aviation nigériane a commis une énorme erreur. L’un de ses avions – dont le type n’a pas été précisé – a bombardé un camp de déplacés établi dans la localité voisine de Rann. Et au moins 50 personnes ont été tuées selon un bilan non définitif (le journal Vanguard parle de 100 morts). Et l’on compte de nombreux blessés.

L’organisation Médecins sans frontières (MSF), qui s’occupait de ce camp de déplacés, a dénoncé une « attaque à grande échelle contre des personnes vulnérables » qui est « choquante et inacceptable ».

« Nos équipes médicales et chirurgicales au Cameroun et au Tchad sont prêtes à traiter les blessés. Nous sommes en contact étroit avec nos équipes sur place, qui sont en état de choc », a précisé le Dr Jean-Clément Cabrol, directeur des opérations de MSF.

De son côté, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a fait part de sa « profonde tristesse » et qualifié ce bombardement de « regrettable erreur opérationnelle. » Une erreur qui n’est pas une première : en 2014, le village de Kayamla avait aussi été l’objet d’une méprise, l’équipage d’un avion militaire l’ayant confondu avec un camp de Boko Haram lors d’une mission nocturne.

« J’ai ordonné à l’aviation d’intervenir […]. La frappe a été menée, mais malheureusement il s’est avéré que des habitants ont été touchés », a déclaré le général Lucky Irabor. « Ce sont le résultat du brouillard de la guerre. […] C’est malheureux, c’est la raison pour laquelle cette guerre doit prendre fin », a-t-il commenté.

Une enquête a été ouverte afin de comprendre comment une telle erreur a pu être possible. Les forces aériennes nigérianes disposent de trois types d’avions à réaction : des Aero L-39 Albatros, des Chengdu J-7 (version chinoise du MiG-21), capables d’emporter des bombes non guidées de 500 kg, ainsi que des Alphajet, lesquels ont a priori été les plus utilisés lors de l’opération Lafiya Dole.

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