Décès du général Roland Glavany, le pilote d’essai du Mirage III

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L’an passé, André Turcat, le pilote d’essai du Concorde et des avions expérimentaux Gerfaut et Griffon II nous quittait. Il vient d’être rejoint par une autre grande figure de l’aéronautique française de l’après-guerre : le général Roland Glavany, 94 ans, s’est éteint ce 16 janvier, à Issy lès Moulineaux.

Le destin de ce pilote d’essai d’exception n’aura pas été banal. Né le 20 avril 1922 à Nantes, il est reçu à l’École de l’Air à l’âge de 18 ans. Poursuivant sa formation au sein de l’armée d’armistice, il finit par décrocher son brevet de pilote sur Morane-Saulnier-230, en 1942. Mais, après l’invasion de la zone « libre » par les troupes allemandes en novembre de cette année-là, il prend le parti de rejoindre l’Afrique du Nord pour continuer le combat.

Arrivé en Algérie après être passé par les Pyrénées (et les prisons espagnoles), le sous-lieutenant Glavany reçoit une douche froide : s’il veut devenir pilote de chasse, il lui faudra patienter jusqu’en 1945. Ce qui est hors de question. Il rejoint alors le 1er bataillon parachutiste de choc du commandant Fernand Gambiez et suit une formation commando. C’est ainsi qu’il participera à la libération de la Corse ainsi qu’au débarquement en Provence, le 15 août 1944, au prix de plusieurs blessures, dont une grave. Cette dernière, reçue lors de l’attaque d’un poste allemand près de Dijon, le mettra hors de combat.

La guerre terminée, et à l’issue d’une longue convalescence, Roland Glavany renoue avec l’aviation. Devenu enfin pilote de chasse, il est affecté au groupe 2/33 Savoie, alors basé en Allemagne et équipé de P-51 Mustang. Puis il décide d’intégrer l’école d’ingénieurs Sup’Aéro afin de devenir pilote d’essais au Centre d’essais en vol (CEV) de Brétigny. Il est ensuite embauché par Dassault, chez qui il côtoie le colonel Constantin Rozanoff.

L’après-guerre est une période faste pour l’aéronautique française. Les percées technologiques sont aussi nombreuses que les prototypes et nouveaux programmes. Le 25 juin 1955, à 8 h 50, à Melun-Villaroche, il prend les commandes du MD-550/Mirage I pour un vol d’essai de 20 minutes, à 3 000 pieds. Puis, un an plus tard, il fait décoller pour la première fois le Mirage III 001. Puis ce sera au tour du Mirage III A 01 « Honoré », commandé à 100 exemplaires par l’armée de l’Air.

En octobre 1958, Roland Glavany devient le premier pilote européen à voler à la vitesse de Mach 2, grâce au Mirage III A01. Et il participe à d’autres programmes, comme celui du Mirage IV, futur fer de lance des Forces aériennes stratégiques (FAS), qui verront le jour en 1964. Il pilotera d’ailleurs quasiment tous les avions en cours de développement à l’époque (Vautour, Étendard IV, etc).

Malgré cette vie passionnante, il décide de réintégrer l’armée de l’Air en 1959. Il retrouve alors l’Algérie, où il est affecté au sein d’une unité parachutiste pour occuper les fonctions de ce qu’on appelle aujourd’hui « contrôleur aérien avancé »(Forward Air Controller). Puis, il continuera sa carrière militaire jusqu’en 1978, année où il part en retraite avec les étoiles de général de corps d’armée aérienne, après avoir assumé le commandement du CEAM [Centre d’expériences aériennes militaires], de la base de Mont-de-Marsan et des écoles de l’armée de l’Air.

Rendu à la vie civile, il dirige alors l’Office français d’exportation des matériels aéronautiques et devient président de l’association les « Ailes Brisées ».

Président d’honneur du Souvenir Français, Grand-croix de la Légion d’honneur, le général Roland Glavany était le père Jean Glavany, l’ancien ministre de l’Agriculture. En 2013, il avait raconté son parcours dans un livre, intitulé « Du Bataillon de choc au Mirage« .

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