Le prochain chef du Pentagone n’est pas exactement sur la même longueur d’onde que M. Trump

mattis-20161202Le général James Mattis n’a pas eu de difficulté pour gagner la confiance du Sénat américain qui, dominé par les Républicains, lui a témoigné un large soutien après son audition devant le comité des Forces armées en vue de la confirmation de sa nomination à la tête du Pentagone.

Il faut dire que sur plusieurs sujets majeurs, le général Mattis s’est démarqué de Donald Trump, le président élu. Durant la course à la Maison Blanche, ce dernier avait plaidé pour un rapprochement avec la Russie (si M. Poutine l’apprécie, c’est un « atout », a-t-il encore dit récemment), critiqué l’Otan en remettant en cause le principe de défense collective et promis de « déchirer » l’accord sur le nucléaire iranien. Et l’on passe sur ses derniers propos au sujet des services de renseignement américain, qu’il a accusés d’être « incompétents » et « déloyaux » après que la presse a diffusé un rapport non vérifié le concernant alors qu’ils n’en étaient pas à l’origine.

Lors de son audition, le général Mattis a ainsi défini trois menaces principales : l’attitude de la Russie, le terrorisme et les visées de Pékin en mer de Chine méridionale.

Interrogé par John McCain, le président du comité sénatorial des Forces armées, au sujet de la Russie, le général Mattis s’est montré très ferme. S’il n’est pas hostile à la « volonté » de M. Trump de renouer le dialogue avec Moscou, il a accusé le président Poutine de « chercher à casser l’Alliance atlantique ».

Les propos du général Mattis rejoignent ceux de Rex Tillerson, nommé à la tête la diplomatie américaine. Lors de son audition, il avait déclaré que Moscou « représentait une menace » pour l’Europe et les intérêts américains. Or, pour le futur chef du Pentagone, Moscou a « choisi d’être un rival stratégique des États-Unis. »  Aussi, le général Mattis estime que des derniers « doivent être capable de s’opposer » à la Russie s’il le faut afin de « défendre leurs intérêts ». Cette position est d’ailleurs en phase avec celle affichée par le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées.

Par ailleurs, partisan de la plus grande fermeté à l’égard de l’Iran, le général Mattis considère qu’il ne faut pas revenir sur l’accord sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne en juillet 2015, même s’il est « imparfait ». Car, pour lui, il est important que les États-Unis « respectent leur parole » et « travaillent avec leurs alliés ». Un avis très éloigné des propos de M. Trump, qui avait un temps promis de « déchirer » ce « très mauvais » texte.

Un autre sujet où le général Mattis a pris ses distances avec le président élu concerne Israël. En effet, M. Trump a annoncé son intention de déplacer l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem et de reconnaître la Ville sainte comme capitale de l’État hébreu.

Or, interrogé sur ce point, le futur chef du Pentagone a affirmé que « la capitale d’Israël où je me rends est Tel-Aviv » car « c’est là où se trouvent les membres du gouvernement », avant de souligner la nécessité d’établir de « meilleures relations entre Israël et les États arabes. »

S’agissant du renseignement américain, le général Mattis s’est démarqué, là encore, de M. Trump. « Dans toutes mes années de service dans l’armée, j’ai eu une relation étroite » avec les agences du renseignement » et « j’ai pu évaluer leur efficacité parfois quotidiennement », a-t-il fait valoir. Et d’insister : « J’ai un très, très haut de degré de confiance dans notre communauté du renseignement. »

Cela étant, s’il y a un sujet qui ne souffre pas de divergence de vue, c’est bien celui des activités de Pékin en mer de Chine méridionale, une région stratégique.

Lors de son passage devant les sénateurs, Rex Tillerson a affirmé que les États-Unis enverront un « signal clair » à Pékin, qui revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale en y aménageant des îlots à des fins militaires. Le futur chef de la diplomatie américaine y est allé fort en comparant la militarisation de ces récifs à « la prise de la Crimée par la Russie ». Quant au général Mattis, il a accusé la Chine de « détruire la confiance » de ses voisins.

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