Importante hausse annoncée des dépenses militaires iraniennes

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Entre 2006 et 2015, les dépenses militaires iraniennes ont baissé de 30%, sous l’effet des sanctions imposées à Téhéran par la communauté internationale en raison de son programme nucléaire. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) avait ainsi évalué, l’an passé, le budget militaire iranien à environ 10 milliards de dollars.

Seulement, avec l’accord sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne le 14 juillet 2015 entre l’Iran et le groupe dit 5+1 (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne) a changé la donne étant donné que, en 2016, l’Union européenne a levé ses sanctions contre Téhéran et que les États-Unis ont assoupli les leurs. Pour le Sipri [.pdf], cette évolution « devrait stimuler l’économie iranienne » et « conduire à une augmentation des dépenses militaires ».

Et ce sera effectivement le cas, les députés iraniens ayant adopté, à une très large majorité (173 voix contre 10) un plan de « développement quinquennal » selon lequel « le gouvernement renforcera les capacités de défense de l’Iran en tant que puissance régionale et garantisse la sécurité et les intérêts du pays en allouant 5% du budget annuel » aux forces armées. Actuellement, les ressources de ces dernières (armée régulière et gardiens de la Révolution) sont équivalentes à 2% de ce même budget général.

En clair, le budget militaire iranien sera multiplié par 2,5. Et en valeur absolue, son montant sera bien plus important encore étant donné que l’on peut raisonnablement penser que Téhéran disposera de ressources accrues avec la levée des sanctions économiques.

Ce plan de développement quinquennal avait été annoncé en juillet 2015 par l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution islamique. Cette hausse significative des dépenses militaires iraniennes doit permettre de financer le développement de missiles balistiques et de drones armés ainsi que le renforcement des capacités cybernétiques. En outre, un effort devrait être également consenti en faveur des forces navales.

Le programme iranien de missiles balistiques, qui n’est « pas négociable » pour Téhéran, contreviendrait à la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, laquelle a entériné l’accord sur le nucléaire obtenu à Vienne. C’est, en tout cas, ce qu’ont fait valoir plusieurs pays, à commencer par la France et les États-Unis.

Le texte de la résolution précise en effet que l’Iran est « tenu de ne pas entreprendre d’activité liée à des missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires » et de « s’abstenir d’effectuer des tirs recourant à la technologie des missiles balistiques, jusqu’au huitième anniversaire de la date d’adoption du Plan d’action ou jusqu’à la date de la présentation par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique, ndlr]. »

Sur ce sujet, l’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait déclaré que les essais de missiles balistiques iraniens « n’étaient pas compatibles avec l’esprit constructif » de l’accord de Vienne mais il s’était gardé de dire s’ils violaient effectivement la résolution 2231.

Quoi qu’il en soit, l’Iran aura encore beaucoup à faire pour rattraper son rival régional, à savoir l’Arabie Saoudite, qui dépense sans compter, ou presque… Car, en 2017, Riyad va baisser son budget de militaire d’environ 6%, ce dernier devant passer de 54 millions à 50,9 milliards de dollars. En tout cas, l’effort annoncé de Téhéran en faveur des missiles balistiques devrait conduire les monarchies sunnites du golfe arabo-persiques à renforcer leurs systèmes de défenses anti-missiles, essentiellement d’origine américaine. Même chose pour  Israël, qui peut compter sur ses propres dispositifs (développés avec une aide américaine).

Reste à voir aussi ce qu’en pensera la future administration Trump. Le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, n’a jamais caché tout le mal qu’il pensait de l’accord de Vienne, qu’il qualifie de « plus mauvais jamais négocié ». En outre, durant la course à la Maison Blanche, il avait assuré vouloir empêcher le développement de missiles iraniens, un programme qui, selon lui, vise « non seulement à intimider Israël mais aussi à effrayer l’Europe et peut-être même un jour à frapper les États-Unis. »

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