Des missiles balistiques russes Iskander auraient été déployés en Syrie

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En mars 2016, des images diffusées par la chaîne de télévision russe Zvezda ont suggéré la présence d’au moins un tracteur-érecteur-lanceur (TEL) MZKT-7930, capable de lancer des missiles balistiques de courte portée Iskander (SS-26 Stone), sur la base aérienne de Hmeimim, utilisée par la Russie pour ses opérations aériennes en Syrie.

On en était resté là jusqu’à la publication de photographies de la base de Hmeimim prises le 28 décembre par le satellite EROS B, exploités par l’entreprise israélienne ImageSat International. Sur deux clichés, l’on peut en effet voir deux lanceurs de missiles Iskander, capables de transporter des charges conventionnelles ou nucléaires.

Selon ImageSat, ces photographies valident « plusieurs rapports qui n’avaient pas été confirmés » jusqu’à present sur « la présence de missiles Iskander en Syrie » et « dévoilent le site de déploiement de ces systèmes ». Toujours d’après la même source, si ces lanceurs d’Iskander n’avaient pas pu être repérés auparavant, c’est qu’ils ont dû être déplacés, probablement à cause de « fortes pluies et d’une inondation qui ont nécessité leur redéploiement ».

La présence en Syrie de ces missiles balistiques russes d’une portée maximale de 500 km a de quoi interroger étant donné que, généralement, ces engins, considérés par Moscou comme étant des moyens dissuasifs, sont déployés à Kaliningrad (entre la Pologne et la Lituanie) au gré des tensions avec les Occidentaux. En outre, au vu de leur rayon d’action et du lieu où ils ont été installés, ces Iskander couvrent une bonne partie du territoire syrien et peuvent atteindre le Liban, Chypre, la Turquie et Israël.

Depuis le début de la guerre civile syrienne, en mars 2011, Damas a déjà utilisé des missiles balistiques Scud, ce qui motiva, à la demande d’Ankara, le déploiement, par l’Otan, de batteries anti-missiles Patriot en Turquie (opération « Active Fence », lancée en janvier 2013).

Mais bien avant 2011, et pour dissuader Israël, la Syrie avait émis le souhait d’acquérir des Iskander-E (version export du missile russe), ce que, a priori, la Russie lui refusa.

Selon une note de l’observatoire de la non-prolifération [de la Fondation pour la recherche stratégique, ndlr], la doctrine syrienne en matière de missiles balistiques de courte portée dans le cadre de l’actuelle guerre civile, vise « non seulement à démontrer une capacité de frappe sur l’ensemble du territoire mais également, dans une logique dissuasive, une capacité de sanctuarisation du territoire syrien face à toute tentative d’intervention extérieure. » Et c’est sans doute les raisons qui expliquent la présence de ces Iskander russes à Hmeimim.

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