Londres redoute une attaque chimique de l’EI

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Dans le rapport sur les « conditions d’emploi des armées lorsqu’elles interviennent sur le territoire national pour protéger la population » remis aux parlementaires français en mars 2016, l’hypothèse d’un attaque chimique lancée par l’État islamique (EI ou Daesh) en France était jugée « peu probable à ce stade compte-tenu des risques inhérents » au transport d’agents chimiques (conditionnement particulier pouvant attirer l’attention, ou être l’objet d’une rupture de confinement accidentelle, etc).

Cependant, pouvait-on lire dans ce document, « la réalisation de projets de ce genre ne peut être exclue, compte tenu des objectifs, de l’idéologie et des capacités de l’organisation. »

Un mois plus tôt, le directeur de la CIA, John Brennan, avait également évoqué le risque d’une attentat commis avec des substances chimiques, comme ce fut le cas en 1995, avec du gaz sarin, dans le métro de Tokyo. « Il est possible que cela arrive », avait-il estimé. Et d’ajouter : « C’est pour cela qu’il est si important de couper les diverses routes de transport et de contrebande que (les jihadistes) utilisent. »

Dans le même temps, les services de sécurité marocains annoncèrent avoir démantelé une cellule de l’EI qui planifiait des attaques chimiques dans le royaume. Pour Ben Wallace, le ministre britannique de la Sécurité intérieure, ce cas est la preuve que les jihadistes ont bel et bien l’intention de recourir à des agents toxiques pour commettre des attentats ailleurs qu’en Syrie et en Irak.

Dans les colonnes du Sunday Times, le 1er janvier, M. Wallace a même affirmé que l’EI prévoit de lancer une attaque chimique « massive » au Royaume-Uni. D’après l’hebdomadaire, le risque d’un tel attentat avait été souligné, le mois dernier, dans un rapport d’Europol. Mais, ajoute-t-il, jamais un ministre britannique n’avait jusqu’alors évoqué publiquement cette menace.

« L’ambition de l’EI est de commettre des attaques faisant de nombreuses victimes. Ils [les jihadistes] veulent nuire à autant de personnes que possible et terroriset autant de personnes que possible », a déclaré M. Wallace. Et « ils n’ont aucune objection morale à utiliser des armes chimiques contre les populations, et s’ils le pouvaient, ils le feraient dans ce pays », a-t-il continué.

En tout cas, l’EI sait comment fabriquer des armes chimiques, comme le gaz moutarde. Et le Joint Investigative Mechanism (JIM), une commission d’enquête réunissant des experts de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), a déterminé que les jihadistes n’ont pas hésité à en utiliser en Syrie. En outre, ils sont fortement soupçonnés d’avoir commis des attaques au chlore en Irak, en particulier contre les combattants kurdes irakiens.

Enfin, le risque d’attaques au Royaume-Uni (voire ailleurs en Europe) serait accru avec le retour des jihadistes ayant combattu dans les rangs de l’EI en Syrie et en Irak. Selon M. Wallace, 800 ressortissants britanniques auraient rejoint les rangs de le l’organisation terroriste et environ 100 ont été tués.

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