La Russie, la Chine et le Pakistan se disent inquiets face à l’émergence de la branche afghane de l’EI

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Cela fera bientôt deux ans que l’État islamique (EI) a installé une « franchise » en Afghanistan, sous le nom de « Province de Khorasan », en partie grâce au recrutement de combattants en rupture de ban avec les mouvement taliban afghan et pakistanais.

Actuellement, et malgré les opérations menées par les troupes afghanes, appuyées par les forces spéciales américaines, cette organisation est implantée dans au moins 6 districts de la province du Nangarhar, dans l’est du pays. Et, d’après Haji Ghalib, un responsable local qui s’est récemment confié au Figaro, l’EI « s’est emparé de Tora Bora » et certains de ses combattants ont été signalés dans les provinces voisinies de Kunar et du Nouristan.

En s’implantant dans le Nangarhar, la branche afghane de l’EI est en mesure de contrôler plusieurs routes empruntées pour divers trafics, ce qui lui permet de percevoir des « taxes » qui alimentent son trésor de guerre. Quant à ses effectifs, ils sont toujours difficiles à évaluer. Mais il est régulièrement avancé qu’elle compterait environ un millier de combattants. Un chiffre certainement en deçà de la réalité.

Par ailleurs, les relations entre la « Province de Khorasan » est le mouvement taleb afghan sont ambiguës. Si ces deux organisations sont rivales au point de s’être violemment affrontées, des passerelles existeraient. Du moins, il a été dit que Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau du même nom et numéro deux des taliban, serait ouvert à un dialogue avec la direction de cette branche afghane de l’EI.

En attendant, cette émergence de l’EI en Afghanistan inquiéte la Russie, qui ne veut pas d’une contagion jihadiste en Asie centrale susceptible de l’atteindre, mais aussi la Chine, qui redoute la présence de Ouighours dans les rangs de l’organisation terroriste et de possibles attaques dans la province du Xinjiang. Et le Pakistan est aussi concerné dans la mesure où la « Province du Khorasan » compterait de nombreux anciens membres du TTP (Tehrik-i-Taliban). Et cela, alors que les services secrets pakistanais (ISI) ont appuyé le mouvement taleb afghan…

Et, le 27 décembre, à Moscou, ces trois pays ont à nouveau exprimé « une inquiétude particulière au sujet de l’activité croissante des mouvements extrémistes, notamment la branche afghane de l’EI. »

Cette dernière, pour les responsables russes, est plus dangereuse que le mouvement taleb afghan, dont les motivations sont essentiellement nationalistes. Et alors qu’il a encore accru son influence (Kaboul ne contrôle plus que 60% de son territoire), Moscou cherche à l’amener à la table des négociations pour obtenir un accord de paix. Seulement, cette implication russe n’est pas vue d’un très bon oeil par les parlementaires afghans, certains parlant même une « coopération de la Russie [et de l’Iran] avec les taliban ».

Cela étant, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, la Russie, la Chine et le Pakistan [tous trois membres de l’Organisation de coopération de Shanghai – OCS, ndlr] « se sont entendus pour adopter une approche souple afin de rayer les noms de certaines personnalités de la liste des sanctions dans le cadre des efforts déployés en faveur d’un dialogue pacifique entre Kaboul et le mouvement taleb [afghan] ».

Seulement, Moscou n’a pas informé le gouvernement afghan de cette décision. « Les discussions, même bien intentionnées, sur la situation en Afghanistan en l’absence d’Afghans ne peuvent améliorer cette situation et soulèvent de sérieuses questions quant à leur objectif », a ainsi commenté Ahmad Shekib Mostaghni, un porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères.

Toutefois, à mesure que les taliban étendent leur influence en Afghanistan, différentes organisation terroristes reviennent en force, comme al-Qaïda, dont le chef, Ayman al-Zawahiri, a prêté allégeance au mollah Haibatullah Akhundzada, le « leader » du mouvement taleb afghan.

Ainsi, alors que, jusqu’à présent, Washington a minimisé la présence d’al-Qaïda en Afghanistan, le général John Nicholson, le chef de la mission Resolute Support, a récemment indiqué, lors d’une conférence de presse, que les forces américaines avaient « neutralisé » (tué ou capturé) 250 membres de l’organisation dirigé par al-Zawahari, dont 50 « chefs » au cours des derniers mois.

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