La Turquie demande un soutien aérien à la coalition anti-EI pour son opération dans le nord de la Syrie

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Depuis plusieurs semaines, dans le cadre de l’opération « Bouclier de l’Euphrate », lancée en août, les forces turques et des groupes rebelles syriens soutenus par Ankara tentent de chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de la ville d’Al-Bab, dans le nord de la Syrie.

Et, visiblement, les combats y sont intenses : l’armée turque a en effet perdu plusieurs chars Leopard 2 et la journée du 21 décembre a été, pour elle, la plus meutrière, avec 16 de ses hommes tués. Du coup, Ankara a décidé d’envoyer à al-Bab des moyens supplémentaires, dont au moins 10 pièces d’artillerie et des blindés de transport de troupes.

Dans le même temps, l’état-major turc assure que les jihadistes subissent aussi de lourdes pertes. Ainsi, d’après Ibrahim Kalin, le porte-parole du président turc, 226 d’entre-eux auraient été tués au cours des combats de la semaine passée. Toutefois, ce bilan est difficile à confirmer.

Le 24 décembre, M. Erdogan a promis qu’Al-Bab tomberait bientôt. « C’est presque fini », a-t-il dit. Mais cet optimisme tranche avec les propos tenus ce jour par son porte-parole.

« En ce qui concerne nos opérations à Al-Bab (…) la coalition internationale a le devoir d’assumer ses responsabilités, notamment en matière de soutien aérien », a en effet affirmé M. Kalin. Et d’ajouter : « Les conditions météorologiques peuvent parfois entraîner des délais. Mais l’absence d’appui aérien lorsqu’il n’y a pas de raison valable est inacceptable. »

En clair, et alors que la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis utilise la base turque d’Incirlik, Ankara voudrait un coup de main en retour. Et comme la Turquie dispose d’une aviation de chasse relativement puissante, cette demande pose la question de savoir si cette dernière manque de munitions ou non….

Quoi qu’il en soit, la décision de lancer une offensive en direction d’Al-Bab n’a pas été prise en concertation avec la coalition. Du moins, c’est ce qu’avait laissé entendre, en novembre, le colonel américain John Dorrian, porte-parole de l’opération Inherent Resolve.

« La coalition internationale contre le groupe État islamique ne soutient pas les opérations actuelles des forces turques et de leurs alliés rebelles pour reprendre à l’EI la ville d’al-Bab, dans le nord de la Syrie », avait déclaré le colonel Dorrian. « C’est une décision qu’ils [les Turcs] ont prise au niveau national », avait-il précisé.

L’opération « Bouclier de l’Euphrate » vise à sécuriser la frontière turco-syrienne. Ce qui passe par l’élimination de la menace jihadiste. Mais pas seulement car il s’agit aussi pour Ankara d’empêcher les milices kurdes syriennes (YPG), proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), acteur d’une guérilla sanglante en Turquie, de faire la jonction entre les territoires passés sous leur contrôle dans le nord de la Syrie.

Et le président Erdogan n’a pas fait mystère de son intention de lancer, après la conquête d’Al-Bab, une offensive vers Manbij, ville prise, cet été, à l’EI par les Forces démocratiques syriennes [dont font partie les YPG, ndlr], soutenues par la coalition anti-jihadiste.

En outre, pour la coalition, l’objectif est chasser l’EI de son bastion syrien de Raqqa, avec justement le concours des FDS. Ce n’est donc sans doute pas le moment de compliquer davantage la situation…

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