La première femme pilote de l’armée afghane a demandé l’asile politique aux États-Unis

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Le cas du capitaine Niloofar Rahmani fut très médiatisé. Et pour cause : alors que, plus de dix ans plus tôt, ses semblables n’avaient que le droit d’être enfermées dans leur burqa, elle fut la première femme à s’engager au sein des forces aériennes afghanes et à obtenir, à l’âge de 20 ans, son brevet de pilote militaire. Elle devint ainsi un symbole. Ce que les taliban ne lui pardonnèrent pas. Et sans doute aussi une partie de ses collègues masculins.

En effet, Niloofar Rahmani reçut des menaces. Sa famille également. Et les choses ne s’arrangèrent pas quand elle se vit décerner, en 2015, par le département d’État américain, le prix international « Femme de courage ». Dans sa courte biographie diffusée à cette occasion, la jeune pilote s’était dit prête à « poursuivre sa carrière dans la force aérienne afghane aussi longtemps que les conditions de sécurité le lui permettront ».

Et visiblement, le capitaine Rahmani a estimé les menaces à son encontre trop importante pour continuer. Celle qui a été surnommée la « Top Gun Afghane » vient en effet de demander l’asile politique aux États-Unis, où elle suivait un stage de 15 mois auprès de l’US Air Force pour devenir pilote de C-130 Hercules.

Cette décision a été « extrêmement difficile » à prendre, a fait valoir Me Kimberly Motley, l’avocate de la jeune pilote. « Niloofar et sa famille ont reçu des menaces brutales, qui malheureusement ont confirmé que sa sécurité serait fortement compromise si elle revenait en Afghanistan », a-t-elle expliqué auprès de l’AFP.

Mais cette « défection » fait polémique en Afghanistan. « Ce qu’elle a dit aux Etats-Unis était irresponsable et inattendu. Elle devait être un modèle pour les autres jeunes Afghans », a commenté Mohammad Radmanesh, un porte-parole du ministère de la Défense. « Elle a trahi son pays. C’est une honte », a-t-il lancé.

« La vraie trahison à l’égard de l’Afghanistan vient de ceux qui menacent sa vie et celle de sa famille, et aussi de ceux qui continuent d’opprimer les femmes », a répondu l’avocate du Niloofar Rahmani.

Cela étant, cette dernière n’est pas la seule à faire défection. En octobre, un quarantaine de militaires afghans envoyés aux États-Unis pour y suivre une formation ont… déserté. Le Pentagone « étudie des moyens de durcir les critères (de sélection) pour l’entraînement de façon à réduire le risque de défections individuelles aux Etats-Unis de la part des Afghans », avait expliqué, à l’époque, un porte-parole.

Quant à la situation en Afghanistan, la mission « Resolute Support », conduite par l’Otan, peut toujours faire valoir que les « forces de sécurité afghanes ont accompli de grands progrès » et que « leur performance en 2016 s’est améliorée par rapport à 2015 », il n’en reste pas moins que leurs pertes sont sans cesse en augmentation (plus de 5.000 tués en 2015). Qui plus, il est estimé que les autorités de Kaboul ne contrôlent plus que 60% du territoire. Le reste est contesté (30%) ou conquis par les taliban (10%).

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