Une agence fédérale américaine propose d’arrêter le programme F-35

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Le Bureau du Budget du Congrès américain (CBO), une agence fédérale américaine créée en 1974, vient de jeter un pavé dans la mare. Afin de réduire le déficit budgétaire des États-Unis d’ici 2026, cet organisme vient de publier une liste de 115 propositions qui risque d’en faire tousser plus d’un. Notamment au Pentagone et chez Lockheed-Martin.

En effet, l’une de ces propositions vise tout simplement à arrêter les commandes d’avions F-35 Lightning II, dont le coût d’acquisition pour 2.443 appareils est estimé à près de 400 milliards de dollars par le Pentagone. De mémoire, jamais une telle proposition n’avait été faite par une agence fédérale, même si certaines n’ont pas manqué de critiquer le dérapage des coûts de ce programme, qui, à l’origine, devait être économique.

Dans le détail, l’US Air Force attend 1763 F-35A (version classique) afin de remplacer plusieurs types d’appareils tandis que l’US Marine Corps (USMC) a besoin de 420 F-35B (STOVL) afin de pouvoir retirer du service ses AV-8 Harrier II. Enfin, l’US Navy a commandé 260 F-35C (version navalisée).

Le CBO propose donc d’en rester aux 285 F-35 commandés par le Pentagone et d’acquérir, à la place, des avions éprouvés – mais modernisés – comme les F-16 et le F/A-18 E/F Super Hornet. Au total, cela permettrait de générer 29 milliards de dollars d’économies d’ici 2026. À noter que Lockheed-Martin a déjà un appareil susceptible de correspondre à cette proposition, avec le F-16 « Viper » Block80/85.

Pour cette agence fédérale, qui préconise également de reporter le programme de bombardier stratégique B-21 Raider après 2026, l’arrêt des commandes de F-35 aurait l’avantage de « le coût du remplacement des avions de combat » les plus anciens par de « nouveaux F-16 et F/A-18 ayant des capacités améliorées » (…) qui seront suffisantes pour « la plupart des menaces auxquelles les États-Unis doivent faire face. »

Quant aux F-35 déjà commandés, ils seraient mis en oeuvre avec d’autres avions furtifs (F-22, B-2) contre des « adversaires équipés de systèmes avancés de défense aérienne. »

Cependant, le CBO a mis dans la balance au moins deux inconvenients : la gestion de micro-flottes est coûteuse et une force composée d’un mélange d’avions furtifs et non furtis « serait moins souple contre des systémes ennemis de défense aérienne avancés ».

Cockpit du F-35

Cockpit du F-35

Reste que cette proposition du CBO a de quoi refroidir les clients et les partenaires industriels – dont de nombreux européens – de Lockheed-Martin. Pour rappel, le F-35 est appelé à devenir la pièce maîtresse d’un certain nombre de forces aériennes. Annuler le programme F-35 mettrait l’Otan en difficulté étant donné que le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège ont l’intention de se doter de cet appareil. Qui plus est, Londres a impérativement besoin du F-35B pour au moins un de ses porte-avions. D’autres pays seraient impactés, comme l’Australie, la Turquie, Israël, la Corée du Sud et le Japon.

S’il est vrai que le programme F-22 Raptor a été annulé, avec la conséquence de faire grimper en flèche le coût d’acquisition des 178 appareils en service au sein de l’US Air Force, le cas du F-35 est différent. En effet, le F-22 n’avait été conçu que pour les besoins de l’aviation américaine…

Quoi qu’il en soit, après les critiques du président américain élu, Donald Trump, pour les coûts du programme F-35 sont « hors de contrôle », Lockheed-Martin s’attache à défendre son avion. Son Pdg, Marillyn Hewson, a eu l’occasion d’avoir une explication avec le futur locataire de la Maison Blanche, lors d’une réunion organisée le 21 décembre en Floride.

À l’issue de cette rencontre, interrogé pour savoir s’il avait obtenu des « concessions » sur le programme F-35, M. Trump a répondu : « Nous ne faisons que commencer, c’est une danse ». Et d’ajouter : « Mais nous allons obtenir un rabais ».

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